Qu’est-ce que c’est ? Faites voir, c’est stupéfiant, il faut le regarder de plus près. – Regarder de plus près cette ineptie ? – Ineptie… An non, pas ça, pas ineptie… Bon, alors, idiotie, sottise, une idée stupide, une imbécillité… – Non non, rien de tout ça, ôtez-le, ça gêne, ça s’interpose, ça recouvre… on ne distingue plus rien… Laissez-moi l’examiner… – Faut-il que vous ayez du temps à perdre… – Oui, j’en ai, ou plutôt non, il ne sera pas perdu…. On doit absolument donner les mêmes chances, accueillir avec la même attention… ne pas ménager ses forces, se ménager...
[…]
Oui, à plaindre. Regardez-moi ce pauvre bougre. Voyez-le tendant aux passants, s’approchant du premier venu et lui offrant de son air humble… les gens s’arrêtent… Que veut-il ? Qu’est-ce que c’est que ce machin ? À quoi ça sert ? Et il explique, il débite son boniment, il défend sa camelote, il veut leur faire accepter… Et vous voyez, il y en a qui ont pitié… il y en a qui sont curieux… Voyez son air, son regard où s’allume l’espérance, son sourire enjôleur… Approchez, mesdames, messieurs, vous ne le regretterez pas… Pauvre vieux, voilà à quel piteux état l’ont conduit ses folies… ses convictions absurdes… vous vous rappelez : « Nous sommes tous pareils. Les imbéciles n’existent pas. »