Devant un mur d’obscurité. Bruit d’un moteur de voiture, au ralenti, au loin… J’entends des bruits, j’entends des chiens, c’est plein de chiens sauvages qui rampent dans les décombres… Peut-être qu’avec la lumière des phares on verrait, au moins, ce qui rampe par terre.
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Autrefois il y avait des lampadaires, ici ; c’était un quartier bourgeois, ordinaire, animé, je m’en souviens très bien. Il y avait des parcs avec des arbres ; il y avait des voitures ; il y avait des cafés et des commerces, il y avait des vieux qui traversaient la rue, des enfants dans des poussettes ; les anciens entrepôts du port servaient de parkings et certains, de marchés couverts. C’était un quartier d’artisans et de retraités, un monde ordinaire, innocent. Il n’y a pas si longtemps.
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C’est un mur, on ne peut plus avancer ; ce n’est même pas un mur, non, ce n’est rien du tout ; c’est peut-être une rue, peut-être une maison, peut-être bien le fleuve ou un terrain vague, un grand trou dégoûtant.
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…les murs se lézarder, les vitres brisées n’ont pas été remplacées. Ce n’est pas le monde vivant, ici.
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Regardez autour de vous, vous ne trouverez rien ; cherchez dans les coins, creusez par terre, fouillez dans les têtes ; il ne reste plus rien, même pas le moindre rêve, nulle part.