Éloge du Palais de la Cité (1323)
  On sait que Philippe le Bel fit reconstruire le vieux Palais de la Cité, déjà reconstruit en partie par Louis VI. Philippe Auguste y avait fait aussi faire des embellissements. L'éloge de Paris est un genre assez répandu. Il existe un éloge célèbre de Paris par Guy de Bazoches datant de 1175, puis divers auteurs ont écrit des éloges de la ville plus ou moins descriptifs.
L'éloge traduit ici décrit assez sommairement la grand-salle du Palais qui faisait l'émerveillement des badauds. Elle était ornée de statues et de peintures. Le texte fait aussi allusion à la "table de marbre", siège de certains procès et où il arrivait que fussent donnés des banquets, lors de fêtes importantes.
    
 
 

Dans ce siège très illustre de la monarchie française a été élevé un splendide palais, témoignage superbe de la magnificence royale. Ses murailles inexpugnables offrent entre elles une enceinte assez vaste et assez étendue pour pouvoir contenir un peuple innombrable. Par honneur pour leur glorieuse mémoire, les statues de tous les rois de France, qui jusqu'à ce jour ont occupé le trône, sont réunies en ce lieu, elles sont d'une ressemblance si expressive, qu'à première vue on les croirait vivantes. La table de marbre dont la surface uniforme offre le plus brillant poli est placée au couchant, sous le reflet des vitraux, en sorte que les convives sont tournés vers l'Orient ; elle est d'une telle grandeur que si j'en citais les dimensions sans fournir la preuve de mon propos, je craindrais qu'on ne me crût pas.
Le Palais du roi n'a été ni décoré pour l'indolence et les grossiers plaisirs des sens, ni élevé pour flatter la vanité fausse et trompeuse d'une vaine gloire, ni fortifié pour abriter les perfides complots d'une orgueilleuse tyrannie ; mais il a été merveilleusement adapté aux soins actifs, efficaces, complets de la prudence de nos rois qui cherchent sans cesse par leurs ordonnances à accroître le bien-être public.

 
 

Jean de Jandun, Éloge de la ville de Paris dans Le Roux de Lincy et L. M. Tisserand, Paris et ses historiens aux XIVe et XVe siècles, Paris, Imprimerie nationale, 1867. Traduction du latin.