La muraille de Philippe Auguste (1er novembre 1209-17 avriI 1210)
  Le roi décida en 1190, avant son départ pour la croisade, de doter la capitale qu'était devenue la ville de Paris d'une enceinte. La ville, depuis le siège des Normands en 887-888, n'avait pas connu de siège. Mais la ville avait de-ci de-là des ouvrages défensifs : Louis VI avait renforcé Ies murailles qui remontaient au Bas-Empire en reconstruisant partiellement son palais à la pointe aval de I'île de la Cité et en y élevant sa "Grosse Tour". II avait également reconstruit le Grand Pont, en le déplaçant et en protégeant ses abords par un "châtelet". Le "Monceau-Saint-Gervais" était aux mains du comte de Meulan, fidèle vassal du roi d'Angleterre, et il l'avait muni d'une fortification menaçante avec son donjon la "tour du Pêt-au-Diable". Plus au nord, Ies Templiers avaient construit, dans Ieur "enclos du Temple", la "tour de César". Divers établissement religieux avaient également construit murs et fossés pour protéger leurs biens ou leur bourg. Mais de nombreux quartiers restaient en dehors de murs pouvant les protéger. La construction du rempart dura une vingtaine d'années. Elle commença par la rive droite ; puis on reconstruisit le "châtelet" du Petit Pont sur la rive gauche et enfin l'enceinte de la rive gauche. C'est d'elle qu'il s'agit dans cet acte. Philippe Auguste donne à Jean abbé de Saint-Germain-des-Prés la poterne des remparts de Paris que l'on construit sur la route de l'abbaye à charge de la couvrir de merrain (charpente) et de tuile et de l'entretenir. La poterne confiée à Saint-Germain-des-Prés portera le nom par la suite de "poterne de Bucy".
    
 
 

Au nom de la sainte et indivise Trinité Amen. Philippe par la grâce de Dieu roi de France. Sachent tous présents et à venir que nous, à la demande de notre cher et fidèle abbé Jean de Saint-Germain, nous avons donné à perpétuité à l'église Saint-Germain-des-Prés la poterne de nos murs de Paris qui est sur la route de Saint-Germain-des-Prés, à tenir de nous et nos héritiers librement et calmement sans aucune coutume, à la condition toutefois que lorsqu'elle sera construite, I'abbé de Saint-Germain devra la recouvrir de merrain et de tuile, et la réparer toutes les fois qu'il sera nécessaire, et l'entretenir de telle sorte qu'elle ne se détériore pas. Pour que ceci soit ferme et sûr, nous avons confirmé ladite page de I'autorité de notre sceau et du seing royal souscrit. Fait à Paris l'année de I'incarnation 1209, de notre règne le 31e, présents au Palais ceux dont les noms et les seings sont souscrits. Sénéchalat vacant. Seing de Guy bouteiller, Seing de Barthélemy chambrier. Seing de Dreu connétable. Donné la chancellerie étant vacante.

 
 

Actes de Philippe Auguste, 1er nov. 1206-31 oct. 1215,
éd. J. Monicat et J. Boussard, sous dir. Ch. Samaran, t. III, Paris, 1966, n° 1102, p. 187. Traduction du latin.