Les moulins à vent firent partie du paysage urbain de Paris du XIIe siècle au XIXe siècle. En ce début du XIVe siècle, le moulin est construit sur la muraille de Philippe Auguste. Celle-ci a perdu certains de ses aspects défensifs. Des fragments de muraille sont distribués alors et depuis la fin du XIIIe siècle à divers personnes et établissements. L'habitude de confier une partie du rempart à des particuliers comme logement ou plutôt comme entretien économique d'une porte de la ville existe dès 1217-1218. À cette date, le roi donne "à perpétuité à son sergent Foulque de Compiègne et à son héritier sa porte des murs de Paris, située devant l'église Saint-Honoré qui fut à maître Raymond, avec deux tourelles qui sont de part et d'autre de cette porte, de sorte que ledit Foulque et son héritier tiendront toujours et conserveront cette porte avec ses deux tourelles en bon état de couverture" (Recueil des actes de Philippe Auguste, t. III, p. 99). À la fin du XIIIe siècle, quand la menace anglo-normande eut tout à fait disparu, Paris pouvait se dispenser d'une muraille. Le roi concéda donc des fragments de plus en plus nombreux : en janvier 1286, le roi concéda à Pierre de Chalon, garde des Sceaux, la porte de la ville située entre sa maison et les Cordelier avec ses deux tourelles et la tour voisine, ainsi que les murs, afin de surélever son hôtel. En juillet suivant, le roi concédait à l'abbé de Saint-Denis deux tours et les murs jusqu'à la Seine, près de la maison des Sachets. En août, concession aux ermites de Saint-Augustin des murs et des tours au Chardonnet – peu éloigné de notre place Maubert – avec permission de les couvrir, surélever, enclore et habiter, etc. L'enceinte était "déclassée" et Paris était désormais une ville ouverte. | |
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Philippe par la grâce de Dieu, etc. Nous faisons
savoir, etc., que l'abbé du monastère de Sainte-Geneviève-du-Mont
à Paris nous a supplié de lui concéder le droit de
construire et relever de nouveau un moulin à vent dans et sur les
murs de la ville de Paris, contenus dans les murs de I'abbaye de Sainte-Geneviève ;
nous avions donné commission au prévôt de Paris de
mener une enquête sur les préjudices qui pourraient advenir
à la suite de la construction du moulin, qu'il s'informe et nous
en fasse un rapport. Nous avons donc entendu et considéré
pleinement le rapport du prévôt, souhaitant comme nos prédécesseurs
que les droits et avantages des églises de notre royaume soient
augmentés, surtout pour ledit monastère pour lequel nous
avons une affection spéciale, et nous avons donc concédé
audit abbé pour lui et ses successeurs, à cause de Dieu,
pour le salut et la guérison de notre âme, par la présente,
le droit de construire, élever, avoir et tenir perpétuellement
un moulin à vent dans et sur le mur de la ville de Paris, pour
la partie qui est dans les murs de l'abbaye susdite. Pour que ceci soit
ferme et sûr, à perpétuité, nous avons pensé
qu'il était nécessaire de concéder les présentes
lettres audit abbé et à ses successeurs, lettres auxquelles
nous avons fait mettre notre sceau. Fait à Saint-Germain-en-Laye,
sauf notre droit en tout, I'année du seigneur 1329, au mois de
mai. |
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Jules Viard, Documents parisiens du règne de Philippe VI de Valois, Paris, 1899, p. 57. Traduction du latin. |
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