Leur manière de se nourrir était telle
qu'ils ne mangeaient pas de pain, et vivaient de viande et de lait. La
meilleure viande qu'ils aient est celle de cheval, et ils la mettent à
tremper dans une marinade et ensuite la font sécher tant qu'ils
la coupent en tranches comme du pain noir. Le meilleur breuvage qu'ils
aient et le plus fort est du lait de jument préparé avec
des herbes. On fit présent au grand roi des Tartares d’un
cheval chargé de farine, qui était venu d’une distance
de trois mois de marche ; et il donna la farine aux messagers du roi de
France.
[…]
489. La viande de toute espèce d'animaux qui meurent dans leur
camp, ils la mangent toute. Les femmes qui ont leurs enfants s'occupent
des chevaux, les gardent et apprêtent la nourriture pour ceux qui
vont au combat. Ils placent les viandes crues entre leurs selles et leurs
coussinets de selle ; quand le sang en est bien sorti, ils la mangent
toute crue. Ce qu'ils ne peuvent manger, ils le jettent dans un sac de
cuir ; et quand ils ont faim, ils ouvrent le sac et mangent toujours la
viande la plus vieille d’abord. À ce propos, je vis un Coremin
qui appartenait aux troupes de l’empereur de Perse, qui nous gardait
quand nous étions prisonniers, et quand il ouvrait son sac, nous
nous bouchions le nez, car nous ne pouvions tenir à cause de la
puanteur qui sortait du sac.
