Nomination des échevins de Saint-Amand (1250)
  En 1164, le comte de Flandre accorda à la ville de Saint-Amand une "loi" à la demande de l'abbé Hugues II. Il s'agissait de la répartition des droits de justice. Un siècle plus tard, cet acte de l'échevinage de Lille nous apprend comment les échevins de la ville de Saint-Amand sont encore choisis essentiellement par l'abbaye. Le bourg est encore un bourg ecclésiastique et l'existence des échevins ne prouve pas l'autonomie de la municipalité.
    
 
 

Sachent tous ceux qui sont à présent et dans le futur que Jean Rousseau, Guillaume le Borgne et Jean Lanbers, ainsi que ceux qui ont été échevins avec eux, ont fait une transaction avec l'abbé et les moines de Saint-Amand et le "prévôt chevalier", d'une part, et les habitants de la ville et de la terre de Saint-Amand d'autre part : l'abbé doit choisir en bonne foi les deux premiers échevins, qui agréent l'église de Saint-Amand et les habitants de la terre de Saint-Amand ; ces deux-Ià doivent choisir les autres échevins et l'abbé et le "prévôt chevalier" doivent régir les habitants de la terre et de la ville de Saint-Amand "par loi et par échevinage". S'ils ne le faisaient pas, les échevins de Saint-Amand doivent mener une enquête à Lille jusqu'à ce qu'on leur rende droit. Les cinq qui viennent de sortir de l'échevinage, parce qu'ils ont siégé plus de trois ans, ils peuvent les choisir et mettre "en la loi de la ville" ; mais les deux autres non. Parce que nous voulons que règne la paix, la concorde et l'amour entre l'abbé et le couvent de Saint-Amand et le "prévôt chevalier", d'une part, et les habitants de la ville et de la terre de Saint-Amand, nous avons mis notre sceau à cette lettre.

 
 

Henri Platelle, La Justice seigneuriale de l'abbaye de Saint-Amand. Son organisation judiciaire et sa compétence du XIe au XVIe siècle, Louvain, Publ. Université de Louvain, 1965, p. 431-434. Traduction de l'ancien français.