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Les progrès faits au XIe
siècle dans la métallurgie ont permis de rendre plus efficaces
et plus solides les outils des paysans, car l'on s'est désormais
efforcé de garnir de fer les éléments tranchants
des haches, des houes, des fourches, des serpes, des faucilles, des faux,
des herses, sans oublier bien sûr le soc et le coutre des charrues. |
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À côté de l'araire instrument
relativement simple en usage depuis l'Antiquité ,
un outil de labour plus puissant, connu déjà, peut-être,
à l'époque carolingienne, s'est répandu entre le
Xe et le XIIIe siècle
dans les plaines de l'Europe occidentale : c'est la charrue. Munie
d'un soc analogue à celui de l'araire, la charrue est de surcroît
pourvue d'un coutre, "grand couteau vertical placé à
l'avant et chargé de tracer la ligne de la raie que va ouvrir le
soc" (G. Fourquin), et d'un versoir, pièce de bois ou de métal
qui fait se retourner et se rejeter sur le côté la terre
du sillon creusé par le coutre et le soc. La charrue, instrument
dont on a souvent souligné l'aspect dissymétrique, a sur
l'araire, symétrique, des avantages incontestables : elle
pénètre la terre plus en profondeur et la retourne ;
ce faisant, elle l'ameublit, ce qui favorise la circulation de l'air et
de l'eau dans le sol. |
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Tout ceci vaut surtout pour les sols riches et lourds,
comme ceux des plaines de l'Île-de-France et de la Picardie. Au
contraire, dans les sols légers et souvent pierreux comme il s'en
trouve beaucoup dans le Midi, l'araire suffisait, d'autant plus que, ne
retournant pas la terre, "il ne faisait pas remonter les pierres
à la surface comme aurait fait la charrue" (G. Fourquin).
Il n'est donc pas étonnant que l'araire ait conservé la
première place dans le Midi, tandis que la charrue se répandait
dans le Nord. |
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Un autre domaine a été marqué
par des innovations notables, à savoir celui de la traction animale.
Pour les bovidés, animaux de trait par excellence pendant des siècles,
l'élément important de l'attelage était le joug.
Une première amélioration consista, probablement au tournant
des XIe-XIIe siècles,
à remplacer le joug de garrot, appuyé sur la nuque de l'animal,
par un joug posé sur ses cornes, ce qui augmentait la capacité
de traction. Puis, un siècle plus tard, fut introduit le joug frontal,
plus efficace encore, et qui est resté en usage jusqu'à
nos jours partout où les bufs continuent à servir
de bêtes de trait.
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Cependant, en matière de traction animale
et d'attelage, la nouveauté capitale a été de recourir
aussi au cheval. Longtemps utilisé essentiellement à des
fins militaires, le cheval n'était capable par ailleurs que de
tirer des charges assez légères, faute d'un attelage adéquat.
Le joug (de garrot ou frontal) est en effet peu adapté au cheval
parce que l'encolure de celui-ci est relevée et ne suit pas, comme
celle du buf, l'axe de la colonne vertébrale. En revanche,
le collier d'épaule permet d'utiliser pleinement la vigueur du
cheval. Cet élément de l'attelage, qui existait peut-être
déjà dans l'Antiquité mais sans effet pratique, a
commencé à se répandre dans les campagnes de l'Europe
occidentale vers les IXe-Xe siècles,
et, avec lui, l'usage de la charrue tirée par des chevaux. Ceux-ci,
nettement plus rapides que les bufs, convenaient particulièrement
bien aux grandes plaines du nord de la France, de la Belgique et de l'Allemagne.
Pourtant, la traction chevaline n'y a pas fait disparaître complètement
l'utilisation des bovidés pour le travail de la terre. Les chevaux
sont en effet des animaux coûteux à l'achat et à l'entretien,
et, s'ils ont eu le plus souvent la préférence bien compréhensible
des grands propriétaires, ils ont eu naturellement moins de succès
auprès des ruraux moins fortunés ou carrément modestes.
D'autre part, les bovidés, de santé plus robuste et au pied
plus stable, ont conservé leur place dans les campagnes accidentées
et fortement ensoleillées des zones méridionales, concurremment
du reste avec les mules et les ânes, qui sont moins chers et à
tous égards plus solides que le cheval, et qui supportent, mieux
que lui, les fortes chaleurs estivales. |