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Au XIe siècle,
pas plus dans les terroirs anciens que sur les nouvelles terres arables
récemment défrichées, on ne chercha à diversifier
les cultures. Comme par le passé, on s'en tint essentiellement
aux "blés" et à la vigne. |
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Celle-ci n'était pas, comme de nos jours,
l'apanage de régions bien délimitées, choisies pour
la qualité particulière du sol et les conditions climatiques
favorables. Il y avait en fait des vignobles un peu partout, même
dans des contrées assez peu propices, comme l'Île-de-France,
l'Angleterre, la Belgique et même le Danemark : c'est que le
vin était indispensable à la célébration de
la messe, et qu'il constituait une boisson plus sûre que l'eau,
dont la qualité laissait souvent à désirer. |
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Quant aux céréales, elles étaient
le fondement même de l'alimentation humaine : sous forme de
pain, pour les plus riches, et de bouillies, pour les moins nantis, en
particulier pour les paysans. Les céréales cultivées
sont restées les mêmes que celles des siècles précédents ;
toutefois, en même temps que la rotation triennale des cultures
progressait sur des sols nouvellement transformés en terres arables,
les semailles de légumineuses avec les blés de printemps
se faisaient plus fréquentes. Les pois, les fèves et les
vesces étaient certes connus de longue date, mais leur culture
paraît avoir pris un certain essor aux XIIe
et XIIIe siècles. Par leurs qualités
nutritives, les légumineuses ont eu un effet bénéfique
sur l'alimentation des hommes et des bêtes, tandis que leurs fanes,
abandonnées sur les champs mêmes, contribuaient à
engraisser la terre et à améliorer ainsi les rendements
agricoles.
Ceux-ci sont demeurés très bas, très variables d'une
région à l'autre et d'une année à l'autre.
C'est en tout cas l'impression que l'on retire de la littérature
agronomique de l'époque et des documents épars qui permettent,
tant bien que mal, de calculer les rendements. N'en donnons qu'un exemple,
pris dans la plus belle collection de rendements médiévaux
découverte jusqu'ici, celle qui a été publiée
en 1972 par J. Z. Titow d'après les comptes de l'évêché
de Winchester : sur 58 rendements annuels qui ont pu être
calculés entre 1271 et 1349, il apparaît que 11,6 hectolitres
par hectare ont été récoltés en moyenne sur
les bonnes terres du manoir d'Ivinghoe, dans le Buckinghamshire, c'est-à-dire
dans celui des trente-trois manoirs de l'évêché de
Winchester qui donnait les moissons les plus abondantes.
Compte tenu du poids spécifique du froment, qui oscille de nos
jours entre 73 et 88 kg, les 11,6 hectolitres sont l'équivalent
de 8,5 à 10,2 quintaux par hectare, qui paraissent bien dérisoires
aujourd'hui.
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