Le ciel
  

À mi-chemin entre la Terre et le Royaume de Dieu est figuré le ciel. Il est précédé par un large espace vide qui isole la Terre des planètes dans l'espace. Traditionnellement, cet espace, qui évoque ici le ciel atmosphérique, symbolise les éléments. Viennent ensuite les strates des cieux qui suivent la courbe de la terre. Chacune comprend une planète qui n'est identifiée que sous la forme d'un pictogramme en forme d'étoile, la Lune et le Soleil étant, ce qui est rare dans ce type d'image, reconnaissables à leur pictogramme habituel, le croissant pour l'une et le globe rayonnant pour l'autre. Le ballet des planètes est signifié par leur positionnement à différentes places de la voûte céleste. Elles occupent sept des strates ; la huitième strate contient les étoiles fixes, innombrables. Huit, selon Ambroise de Milan, est "la somme de toutes les vertus". Une neuvième strate vide, plus mince, isole les planètes de l'empyrée. C'est le "cristallin" ou "premier moteur mobile" selon l'expression de saint Thomas d'Aquin, reprise par Marsile Ficin, humaniste florentin contemporain de la gravure : ce neuvième cercle assure le mouvement rotatif de l'ensemble.

 

 

 

Les théologiens conféraient aux différentes couches du ciel des valeurs spirituelles : on les grimpe degré à degré. Elles sont en quelque sorte l'échelle qui permet de gagner le paradis céleste. Cette métaphore renvoie à une autre gravure de Francesco Rosselli : L'Échelle de la vie spirituelle (1495), représentant une échelle aux montants solidement fichés dans la terre, montant jusqu'aux cieux en franchissant chaque couche céleste, et couronnée du calvaire. Cette métaphore est très souvent employée par les prédicateurs : L'Échelle du ciel est justement le titre d'un des plus célèbres recueils de sermons médiévaux.