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Identifié par un phylactère, le "mons pietatis" est figuré de manière symbolique sous la forme très concrète d'un monceau de pièces, de sacs d'or et de vêtements entassés en pleine rue ; géré par les notables de la cité, il est dévolu à l'usage des nécessiteux. Le sujet a longtemps identifié la gravure, car c'est sous ce nom qu'elle est désignée dans un inventaire des biens de l'artiste, dressé après sa mort en 1527. |
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Le mont-de-piété est une institution fondée à Londres en 1361, dont s'inspire la bienfaisance en Italie au XVe siècle, notamment sous l'égide du frère prêcheur représenté ici. Un mont-de-piété est fondé à Florence en 1495. Il ne s'agit pas d'un système bancaire destiné à rapporter de l'argent, mais d'une caisse où les pauvres peuvent recevoir de l'argent sans avoir à rembourser, de façon à les protéger des usuriers, considérés comme les "voleurs du patrimoine de Dieu". Pour les riches laïcs qui alimentent les monts-de-piété, l'argent, en quelque sorte "blanchi" par l'usage charitable qui en est fait, devient un instrument de salut : grâce à la transformation des pièces de monnaie en bonnes uvres, les fidèles gagnent leur paradis. Les historiens ont qualifié ce phénomène du nom d'"économie du salut" ou de "comptabilité de l'au-delà".
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Au premier rang des nécessiteux concernés par cette institution sont les pèlerins, hommes, femmes et enfants, qui ont renoncé au monde et décidé de faire le voyage outre-mer. Au premier plan à gauche, un homme âgé et expérimenté, sans doute un pèlerin professionnel, accompagne en Terre sainte une jeune femme avec un enfant en bas âge et une veuve reconnaissable à sa barbette. Un notable remplit de pièces le chapeau du pèlerin. Sur la droite, un autre bienfaiteur donne une bourse à deux pèlerins sur le départ, identifiables à leur bourdon (bâton de pèlerinage). Au second rang sur la droite, on peut distinguer un pauvre, figuré par un homme nu, qui reçoit une distribution d'habits. Juste devant, un notable vient alimenter la caisse du mont-de-piété en faisant un don : il verse symboliquement le contenu de sa bourse sur le tas de pièces. Plus à droite, une orpheline à marier, reconnaissable à ses cheveux longs et à sa mise modeste, les bras croisés sur sa poitrine, reçoit elle aussi une distribution d'habits ; elle est accompagnée par une duègne. Les villes italiennes disposent en effet de caisses de dots pour jeunes filles pauvres à marier, fondées pour les empêcher de tomber dans le péché et la prostitution.
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