Soleil couchant à Etretat
Claude Monet (1840-1926), peintre, 1883.
Huile sur toile
© Musée des Beaux-Arts de Nancy
Guy de Maupassant a grandi en Haute-Normandie. Il est né en 1850 au château de Miromesnil, commune de Tourville-sur-Arque, près de Dieppe. Sa famille déménage à Grainville-Ymauville (1854), puis à Paris (1859). Quand ses parents se séparent, il s’installe à Étretat avec sa mère. C’est une période de grande liberté, parfois les pêcheurs l’emmènent en mer. Sa mère finit par l’envoyer à l’Institution ecclésiastique d’Yvetot, mais Maupassant se fait renvoyer. Elle l’inscrit alors au lycée de Rouen. En 1869, il monte à Paris, pour faire son droit. Au début des années 1880, alors qu’il a trente ans, Maupassant se fait construire une maison à Etretat, qu’il nomme « La Guillette ». Le paysage marin sera essentiel dans ses écrits, notamment dans Une vie (1883), qui évoque la destinée de Jeanne, jeune fille rêveuse choyée par ses parents, mariée à un hobereau normand aussi séduisant que viveur, Julien de Lamare. Au début du roman, Jeanne part en bateau avec son père et Julien de Lamare afin passer la journée à Etretat. Ce souvenir enchanté sera terni par la suite. C’est dans ce même « petit bois près d’Etretat » où elle discute pour la première fois de manière intime avec Julien, qu’elle découvrira l’infidélité de ce dernier avec Gilberte. « Une brise légère et continue, venant du large, effleurait et ridait la surface de l'eau. La voile fut hissée, s'arrondit un peu, et la barque s'en alla paisiblement, à peine bercée par la mer. On s'éloigna d'abord. Vers l'horizon, le ciel se baissant se mêlait à l'Océan. Vers la terre, la haute falaise droite faisait une grande ombre à son pied, et des pentes de gazon pleines de soleil l'échancraient par en- droits. Là-bas, en arrière, des voiles brunes sortaient de la jetée blanche de Fécamp, et là-bas, en avant, une roche d'une forme étrange, arrondie et percée à jour, avait à peu près la figure d'un éléphant énorme en- fonçant sa trompe dans les flots. C'était la petite porte d'Etretat. Jeanne, tenant le bordage d'une main, un peu étourdie par le bercement des vagues, regardait au loin ; et il lui semblait que trois seules choses étaient vraiment belles dans la création : la lumière, l'espace et l'eau. […] affinité les eût avertis; car entre eux flottait déjà cette subtile et vague tendresse qui naît si vite entre deux jeunes gens […] Et soudain on découvrit les grandes arcades d'Etretat, pareilles à deux jambes de la falaise marchant dans la mer, hautes à servir d'arche à des navires; tandis qu'une aiguille de roche blanche et pointue se dressait devant la première. »