Portrait de Françoise d'Issembourg d'Happoncourt, dame de Graffigny
Levêque, graveur.
BnF, département des Estampes et de la Photographie, RESERVE QB-201 (103)-FOL
© Bibliothèque nationale de France
Françoise de Graffigny s’installe à Paris en 1739, grâce à la protection de la duchesse de Richelieu. Après avoir connu la Lorraine auprès de Voltaire et d’Émilie Du Châtelet, elle continue ainsi à fréquenter le monde littéraire et les philosophes. Veuve à la situation précaire, elle se lance comme écrivain avec les Lettres d’une Péruvienne, en 1747. L’ouvrage connaît un immense succès. La cour de Vienne lui commande des pièces de théâtre ; sa vie matérielle est assurée. Elle ouvre alors un salon important, fréquenté par Marivaux, l’abbé Prévost, Rousseau, Turgot, Helvétius... Sa première pièce de théâtre s’intitule Cénie. Écrite en 1750, elle fait un vrai triomphe, avec vingt-cinq représentations durant l’année de sa parution. La pièce est à nouveau montée entre 1754 et 1760 pour trente-deux soirées, chose rare à l’époque pour une femme auteur(e). Mme de Graffigny est donc célèbre et regardée. Sa seconde œuvre théâtrale, La Fille d’Aristide, représentée en avril 1758, lui vaudra des critiques désastreuses de Melchior Grimm. Voltaire tente de la réconforter, malgré le différend qui les avait opposés par le passé autour du manuscrit de La Pucelle en 1738. Il l’invite à négliger « cette multitude qui juge au hasard de tout, qui élève une statue pour lui casser le nez », mais Françoise de Graffigny décédera en décembre 1758 et tombera dans l’oubli rapidement jusqu’à l’avènement du mouvement féministe.