BnF, Bibliothèque de l'Arsenal, Ms 5201 Rés. (f. 215)

À la suite des oeuvres du trouvère Robert de Blois, lui aussi laudateur de la vaillance des preux d'autrefois, on trouve dans ce recueil composite une version en français, écrite en 1206 pour le comte Renaut de Boulogne, de la chronique dite "du pseudo-Turpin". Composée au milieu du XIIIe siècle, à la gloire de Charlemagne et de saint Jacques de Compostelle, l'Historia Karoli magni et Rotholandi, faussement attribuée à l'évêque Turpin, un des douze pairs de Charlemagne, narre les guerres légendaires de Charlemagne et de ses preux pour soumettre l'Espagne et en chasser les Sarrasins. Elle se termine par la Passio Rotholandi, qui magnifie l'épisode de Roncevaux sous un aspect à la fois mystique et épique. La vengeance de Charlemagne contre le traître Ganelon, la mort du roi païen Agolant, et la mort de Charlemagne en sont l'aboutissement. Au f. 215, une lettrine historiée sur fond d'or résume la légende de Roland, le représentant tentant de briser son épée Durandal et soufflant dans son olifant, au point que "les voinnes du col et li nerf li rompirent". Les nombreuses traductions en français au début du XIIIe siècle dans le nord de la France attestent de la popularité de l'oeuvre et marquent la naissance d'un sentiment national autour de Charlemagne érigé en saint.