"L'auguste héros que j'aime"
Jean-Baptiste Lully (1632-1687) : Armide
Tragédie, 1686, paroles de Mr Quinaut, musique de Mr Lully, copié et mise en ordre de partition par Mr Philidor, 1725 Manuscrit, in-8, oblong
BnF, Musique, Rés. 681
Cette "Tragédie en musique", en un prologue et cinq actes, est la dernière oeuvre que Lully écrivit en collaboration avec Philippe Quinault. Elle fut représentée pour la première fois à l'Académie royale de musique de Paris, le 15 février 1686, et marque l'apogée de la carrière du compositeur. Contrairement aux premières tragédies de Lully, qui puisaient aux sources de la mythologie antique, telle qu'Ovide a pu la représenter dans Les Métamorphoses, Armide tire son intrigue d'un récit de chevalerie médiévale, le poème épique La Jérusalem délivrée de Torquato Tasso.
On sait que Louis XIV choisit lui-même le thème du livret : la représentation du héros Renaud, le vertueux croisé, en proie aux enchantements de la magicienne Armide, pouvait sans doute, pour le public de l'époque, se rapporter au roi lui-même. Dans le prologue de l'opéra, la Gloire et la Sagesse, suivies l'une par une "Troupe de héros", l'autre par une "Troupe de nymphes", discutent des mérites du héros qu'elles aiment - le roi. Le manuscrit présenté est copié par André Danican Philidor l'aîné (vers 1652-1730), musicien de la Grande Écurie de Louis XIV et garde de sa bibliothèque de musique, à partir de 1684.