La Jeanne d'Arc populaire de Michelet
Jules Michelet (1798-1874) : Jeanne d'Arc (1412-1432)
Paris, L. Hachette, 1853. In-16 (Bibliothèque des chemins de fer. 2e série : histoire et voyages)
BnF, Philosophie, Histoire, Sciences de l'homme, 8-Lb26-67
"La mission de Jeanne Darc" (sic) est un extrait du tome V, chapitre III de l'Histoire de France de Michelet (1841) : les premières pages, exposé historique et géographique sur Domrémy, n'ont pas été reprises, non plus que les notes. Manque donc la célèbre phrase initiale : "L'originalité de la Pucelle, [.] ce ne fut pas tant sa vaillance ou ses visions ; ce fut son bon sens." C'est un texte dépouillé de son apparat scientifique qui s'offre ainsi au lecteur, récit presque romanesque s'étendant de la naissance de Jeanne au sacre de Charles VII. Michelet voisine dans ce "recueil de nouvelles, contes, épisodes, anecdotes, etc." avec divers auteurs d'inspiration romantique, influencés par Walter Scott ou Prosper Mérimée. La reprise du texte dans Le Livre des feuilletons après celle du Journal des femmes prouve la popularité de l'ouvre de Michelet, alliant la rigueur de l'historien à l'éloquence de l'écrivain pour faire de Jeanne d'Arc, dont "la folie héroïque était la sagesse même", l'incarnation du peuple français. Au milieu du XIXe siècle, la "Bibliothèque des chemins de fer" permit une large diffusion du texte adaptée aux nouveaux vecteurs de communication. Entre le tome V de l'Histoire de France, publié en 1841, et les éditions postérieures, Jules Quicherat avait achevé la publication des procès de Jeanne d'Arc. Les éditeurs le signalent, en précisant que cette publication confirme "la vérité générale du récit et l'interprétation que l'auteur avait donnée de quelques faits obscurs". Michelet a joué un rôle décisif dans la popularisation du personnage de Jeanne d'Arc. Selon lui l'héroïne a, par son martyre, permis au peuple de prendre conscience de lui-même et de combattre pour sa liberté.