Un culte patriotique et funéraire
L'inhumation du corps du Soldat inconnu sous l'Arc de triomphe, le 11 novembre 1921
Tirage postérieur, contretype, 18 x 24 cm. Cachet : ministère de la Jeunesse, des Arts et des Lettres, services d'information à l'étranger, services photographiques
BnF, Estampes et Photographie, Va mat-75 (VIIIe arrondissement/ Arc de triomphe)-Boîte Pet. fol.
L'idée de placer au Panthéon le corps d'un soldat français "tombé au champ d'honneur" et non identifié, symbole du sacrifice patriotique, est émise dès 1916. C'est en 1920 que le projet de loi adopté par les députés stipule que le soldat inconnu recevra les honneurs du Panthéon avant d'être inhumé sous l'Arc de triomphe. Le 10 novembre 1920, au cours d'une cérémonie qui a lieu à Verdun, Auguste Thin, engagé volontaire de dix-neuf ans, dont le père avait été porté disparu, dépose un bouquet de fleurs cueillies sur le champ de bataille sur l'un des huit cercueils exposés dans la citadelle. Les corps anonymes viennent des différents secteurs du front. Aussitôt transporté à Paris, le Soldat inconnu est veillé place Denfert-Rochereau (symbole de la défense héroïque de Belfort lors de 1a guerre franco-prussienne de 1870), dans une chapelle ardente, à côté du coeur de Gambetta, qui doit être déposé au Panthéon pour célébrer le cinquantenaire de la République. Le 11 novembre, un même cortège accompagne donc ces deux dépouilles au Panthéon, où le président Raymond Poincaré prononce une allocution. Le soldat inconnu est ensuite conduit seul jusqu'à l'Arc de Triomphe, où il reçoit la bénédiction de l'archevêque de Paris. Placé dans une salle intérieure de l'édifice, il est inhumé le 28 janvier 1921 avec les honneurs militaires et le gouvernement au complet, qui, par la voix de Louis Barthou, le ministre de la Guerre, rend un "hommage suprême de la patrie aux héros obscurs et anonymes qui sont tombés pour elle". C'est le 11 novembre 1923 que la flamme du Souvenir est allumée par André Maginot, ministre de la Guerre, entouré des anciens combattants. Un cérémonial quotidien fut mis en place de manière à ce que la flamme ne s'éteigne jamais.