Une icône manipulée
T-shirt avec le portrait de Che Guevara
D'après la photographie d'Alberto Korda. Au dos : citation en français. Coton, impression en noir (face) et en noir et en blanc (dos) sur fond rouge.
Collection particulière
Alberto Korda ne put jamais maîtriser l'utilisation du cliché pris le 6 mars 1960. Il assista, jusqu'à sa mort, en 2001, et parfois avec son assentiment, à une manipulation intensive et diversifiée de cette nouvelle icône, sans jamais en profiter financièrement. Après sa diffusion sous forme d'affiches par l'éditeur et militant d'extrême gauche Feltrinelli, ce portrait connut le succès d'un produit de consommation de masse. On ne peut s'empêcher de mettre en relation l'image placardée dans les chambres d'adolescents ou arborée sur les T-shirts avec les représentations du voile de Véronique - "vera icona" : l'image vraie - de la tradition chrétienne. Pour Marx, les vertus magiques prêtées aux images religieuses persistent dans le monde industriel en s'investissant dans les marchandises, comme si elles avaient une vie indépendante des hommes qui les ont créées et leur ont donné une valeur. Le portrait de Che Guevara nous rappelle ainsi le "caractère fétiche de la marchandise et son secret".