BnF, Manuscrits, Français 606 fol. 11
Ulysse aborde au pays des Cyclopes. Laissant son escadre près d'une île, il pénètre dans la caverne de Polyphème, accompagné de douze hommes. Par prudence, Ulysse prétend que son navire s'est brisé et demande l'hospitalité, mais le Cyclope dévore deux de ses compagnons à chaque repas. Pour lui échapper, Ulysse ruse en prétendant s’appeler "Personne". Il l'enivre, puis embrase un pieu qu'il plante dans l'œil unique du cyclope endormi, l'aveuglant définitivement. Les survivants sortent ensuite cachés sous le ventre de ses brebis et regagnent leurs bateaux. Le Cyclope jette à tâtons des rochers dans la mer. Faisant preuve d'orgueil, Ulysse lui crie sa véritable identité. Polyphème peut alors implorer la vengeance de son père, Poséidon, qui va poursuivre Ulysse de son inlassable courroux.
Tout ce que les Grecs concevaient de plus barbare, féroce et cruel, s'incarne dans ce géant à l'œil unique. Le
Cyclope Polyphème présente les caractères d'une humanité sauvage, vivant
encore dans un état pastoral primitif. Il connaît toutefois les lois de
l'hospitalité qu'il viole délibérément, méprisant les dieux et la civilisation au point de se nourrir de chair humaine. Mais l'esprit inventif d'Ulysse
triomphe de la barbarie de Polyphème, la ruse l'emporte sur la force brute.