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Au Moyen Âge, Dieu règne sur le savoir occidental.
La connaissance est avant tout l’objet d’une révélation, conduite à la
lumière des Écritures par les Pères de l’Église. Dès le Ve
siècle, saint Augustin (354-430) définit les exigences et les limites
d’une culture chrétienne éclairée par la foi dans un texte fondamental :
De doctrina christiana. Les vérités qu’il rassemble seront enseignées
durant tout le Moyen Âge et traduites en français au XIVe siècle
sous le titre La Cité de Dieu. La connaissance de la Nature, des
êtres et des choses, est organisée d’après la hiérarchie du monde créé
par Dieu. La description de l’univers physique ne compte pas davantage
dans d’autres ouvrages : inventaires, bestiaires ou florilèges sont
avant tout des miroirs où se reflète la perfection divine.
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À partir du XIIe siècle, l’enseignement
du savoir se déplace des monastères vers les villes. Les écoles de cathédrale,
comme l’école de Chartres qui réhabilite Platon (428-348 av. J.-C.), tentent
d’harmoniser philosophie du monde et théories de la connaissance. Au siècle
suivant, la naissance de l’Université à Paris rend possible la confrontation
de la raison et de la foi. Son programme d’études philosophique et théologique,
appelé "scolastique", cherche à concilier le savoir profane
et la foi révélée. Maîtres et étudiants débattent alors des thèses d’Aristote
(384-322 av. J.-C.) à travers les commentaires d’Averroès (1126-1198).
Les discussions sont passionnées, certains maîtres soutiennent la thèse
de l’éternité du monde, niant ainsi la création.
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Ces débats prennent une telle ampleur que
l’évêque de Paris condamne l’aristotélisme en 1270 : au moment même où
Roger Bacon (1214-1294), un des plus grands savants du Moyen Âge, précurseur
de la science moderne, porte le premier coup à la scolastique universitaire.
Son programme pose les bases d’une science expérimentale. Il ne parviendra
pas à convaincre le pape d’inscrire cette science au programme de l’Université
et devra écrire ses traités dans le secret. Il sera même emprisonné pour
"innovations suspectes". Mais la méthode de l’enseignement scolastique
est déjà remise en cause.
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