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Nous espérons
que le Dieu Très-Haut qu'Il soit loué
apaisera ce qui agite les musulmans et ruine leur prospérité.
Aussi longtemps que la mer apportera des renforts à l'ennemi et
que la terre ne les repoussera point, nos provinces en souffriront perpétuellement
et nos curs seront sans cesse affligés par les dommages qu'ils
nous causent. Où est le sens de l'honneur des musulmans, où
sont la fierté des croyants, le zèle des fidèles ?
C'est pour nous un constant sujet d'étonnement que de voir combien
les Infidèles se soutiennent les uns les autres, et combien les
musulmans sont réticents. Aucun d'eux ne répond à
l'appel, aucun ne vient redresser ce qui est tordu ; regardez au
contraire à quel point en sont arrivés les Francs, quelle
alliance ils ont nouée, quels objectifs ils poursuivent, quelle
aide ils se prêtent, quelles dettes avec intérêt ils
ont contractées, quelles richesses ils ont recueillies, distribuées
et divisées entre eux ! Pas un roi, dans leurs pays et leurs
îles, pas un grand seigneur qui n'ait rivalisé avec son voisin
dans le concours de l'aide à fournir, qui n'ait lutté avec
son égal pour un sérieux effort de guerre ! Pour défendre
leur religion, ils n'ont pas hésité à prodiguer la
vie et le courage, à procurer à leurs troupes impures toutes
sortes d'armes de guerre. Et tous ces efforts, ils ne les ont fournis que
par pur zèle envers celui qu'ils adorent, pour défendre
jalousement leur foi. Il n'est pas un seul des Francs qui ne comprenne
que, si nous procédons à la reconquête du littoral
[de Syrie] et si nous déchirons le voile de leur honneur, ce pays
leur tombera des mains et que nous pourrons alors étendre nos mains
pour aller à la conquête du leur. Les musulmans, en revanche,
se sont relâchés et démoralisés. Devenus négligents
et paresseux, ils se complaisent dans une surprise impuissante et perdent
toute ardeur. Si l'islam devait tourner bride Dieu nous en
protège ! , si sa splendeur devait s'obscurcir et
son épée s'émousser, on ne trouverait ni à
l'est ni à l'ouest, ni près de nous, ni loin de nous, des
gens qui s'enflammeraient de zèle pour la religion de Dieu et viendraient
au secours de la vérité contre l'erreur. C'est pourtant
le moment de combler tout retard, de rassembler tous ceux, proches ou
lointains, qui ont du sang dans les veines. Mais, grâce à
Dieu, nous avons confiance dans le secours qu'Il nous enverra ; nous
avons confiance en Lui du fond de notre âme et de notre dévotion :
s'il Lui plaît, les mécréants périront et les
croyants obtiendront sécurité et salut.
Abû
Shâma, II, 148.
Extrait de F. Gabrieli, Chroniques arabes des croisades, Sindbad,1977.
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