|
|
|
Une partie des Infidèles
assaillit à l'improviste l'île de la Sicile 1,
mettant à profit les différends et les conflits [qui y régnaient] ;
de cette manière [les Infidèles] s'emparèrent aussi
d'une ville après l'autre en Espagne 2.
Lorsque des informations se confirmant l'une l'autre leur parvinrent sur
la situation perturbée de [la Syrie] dont les souverains se détestaient
et se combattaient, ils résolurent de l'envahir. Et Jérusalem
était le comble de leurs vux.
Examinant le pays de Syrie, ils constataient que les États y étaient
aux prises l'un avec l'autre, leurs vues divergeaient, leurs rapports
reposaient sur des désirs latents de vengeance. Leur avidité
s'en trouvait renforcée, les encourageant à s'appliquer
[à l'attaque]. En fait, ils mènent encore avec zèle
le djihad contre les musulmans ; ceux-ci en revanche font preuve
de manque d'énergie et d'esprit d'union dans les guerres, chacun
essayant de laisser cette tâche aux autres. Ainsi [les Francs] parvinrent-ils
à conquérir des territoires beaucoup plus grands qu'ils
n'en avaient eu l'intention, exterminant et avilissant leurs habitants.
Jusqu'à ce moment, ils poursuivent afin d'agrandir leur emprise ;
leur avidité s'accroît sans cesse dans la mesure où
ils constatent la lâcheté de leurs ennemis qui se contentent
de vivre à l'abri du danger. Aussi espèrent-ils maintenant
avec certitude se rendre maîtres de tout le pays et en faire prisonniers
les habitants. Plût à Dieu que, dans Sa bonté, il
les frustre dans leurs espérances en rétablissant l'unité
de la Communauté. Il est proche et exauce les vux.
As-Safî
dit : "L'obligation minimum du chef de la Communauté est
d'effectuer une incursion par an chez l'Infidèle, soit par lui-même
soit par ses troupes, selon l'intérêt de l'islam, de façon
que le djihad ne soit pas abandonné pendant toute une année,
sauf raison impérieuse." [
]
Il s'avère donc qu'en cas de nécessité la guerre
sainte devient un devoir d'obligation personnelle, comme à l'heure
actuelle où ces troupes-ci fondent à l'improviste sur le
territoire musulman.
Abû Hâuod Muhammad al-Gazzali 3
dit : "Chaque fois qu'aucune razzia sera effectuée, tous
les musulmans, libres, responsables de leurs actes et capables de porter
les armes, sont tenus de se diriger [contre l'ennemi] jusqu'à ce
que se dresse une force suffisante pour leur faire la guerre ; cette
guerre ayant pour but d'exalter la parole d'Allâh, de faire triompher
sa religion sur ses ennemis, les polythéistes, de gagner la récompense
céleste qu'Allâh et son apôtre promirent à ceux
qui combattraient pour la cause de Dieu, et de s'emparer des biens [des
Infidèles] de leurs femmes et de leurs demeures". La raison
en est que le djihad constitue un devoir d'obligation collective,
tant que la communauté [musulmane] limitrophe de l'ennemi peut
se contenter de ses propres forces pour combattre [les Infidèles]
et écarter le danger. Mais si cette communauté est trop
faible pour tenir l'ennemi en échec, le devoir se trouve étendu
à la contrée [musulmane] la plus proche.
Le Coran, la tradition et l'unanimité des docteurs de la Loi, tous
sont d'accord, avons-nous prouvé, que la guerre sainte est un devoir
collectif lorsqu'elle est agressive, et qu'elle devient un devoir personnel
dans les cas spécifiés ci-dessus. Ainsi est-il établi
que la lutte contre ces troupes revient obligatoirement à tous
les musulmans qui en sont capables, à savoir (eux qui ne sont atteints
ni de maladie grave ou chronique, ni de cécité ou de faiblesse
résultant de la vieillesse). Tout musulman n'ayant pas ces excuses,
qu'il soit riche ou pauvre et [même] fils de parents [vivants] au
débiteur, doit s'engager contre eux et se précipiter pour
empêcher les conséquences dangereuses de la mollesse et de
la lenteur, qui sont à craindre.
Ali
b. Tâhir al-Sulamî, Incitation à la guerre sainte,
présenté et traduit par E. Sivan, Journal asiatique,
1966.
Cité par M. Balard, A. Demurger, P. Guichard dans Pays d'Islam
et monde latin Xe-XIIIe siècles. Hachette,
Paris, 2000.
|