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Bahâ
ad-Dîn, né à Mossoul en 1145 et mort à Alep
en 1234, fut cadi (juge) de l'armée de Saladin et écrivit,
à partir de son expérience directe, une biographie du sultan.
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Un jour, alors que
je chevauchais aux côtés du sultan face aux Francs, un éclaireur
de l'armée vint à nous avec une femme qui sanglotait en
se frappant la poitrine. "Elle est sortie de chez les Francs, nous
expliqua l'éclaireur, pour rencontrer le maître, et nous
l'avons amené.;e" Saladin demanda à son interprète
de l'interroger. Elle dit : "Des voleurs musulmans sont entrés
dans ma tente et ont volé ma petite fille. J'ai passé toute
la nuit à pleurer, alors nos chefs m'ont dit : "Le roi
des musulmans est miséricordieux, nous te laisserons aller vers
lui et tu pourras demander ta fille." Alors je suis venue et j'ai
mis tous mes espoirs en toi." Saladin fut ému et des larmes
lui vinrent aux yeux. Il envoya quelqu'un au marché des esclaves
pour chercher la fille et moins d'une heure après un cavalier arriva
portant l'enfant sur ses épaules. Dès qu'elle les vit, la
mère se jeta à terre, se barbouilla le visage de sable et
tous les présents pleuraient d'émotion. Elle regarda vers
le ciel et se mit à dire des choses incompréhensibles. On
lui rendit donc sa fille et on la raccompagna au camp des Francs.
Chronique
de Bahâ ad-Dîn.
Extrait de F. Gabrieli, Chroniques arabes des croisades, Sindbad,
1977.
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