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Il y a des Francs qui
se sont établis dans le pays et se sont mis à vivre dans
la familiarité des musulmans ; ils sont bien meilleurs que
ceux qui viennent d'arriver fraîchement de leurs pays d'origine
mais ils ne sont qu'une exception qui ne constitue pas la règle.
À ce propos, j'envoyai un jour un ami régler une affaire
à Antioche, dont le chef était Tudrus ibn as-Sâfi.
Ce dépositaire de l'autorité, qui était mon ami,
dit à celui que j'envoyais : "J'ai été
invité par un Franc, viens avec moi pour voir comment ils vivent."
Je l'accompagnai, raconte mon ami, et nous arrivâmes à la
maison d'un chevalier, un de ceux, installés depuis longtemps,
qui étaient venus avec la première expédition des
Francs. Retiré du service, il vivait du revenu d'une propriété
qu'il possédait à Antioche. Il fit installer une belle table
avec des mets fort propres et très appétissants. En voyant
que je m'abstenais de manger, il me dit : "Tu peux manger de
bon appétit, car je ne mange pas la nourriture des Francs ;
j'ai des cuisinières égyptiennes et je mange seulement ce
qu'elles préparent ; du porc, il n'en entre pas chez moi."
Usâma,
Des enseignements de la vie, extrait de F. Gabrieli,
dans Chroniques arabes des croisades, Sindbad,1977.
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