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C’est à partir des mythes helléniques et
sur la base des observations astronomiques mésopotamiennes que la science
prend son essor chez les Grecs, au VIe siècle avant J.-C. Dès
l’Iliade (VIIIe siècle av. J.-C.), le fameux bouclier
d’Achille offre l’image symbolique d’un monde circulaire. Le décor figure
"la terre et le ciel et la mer". La connaissance de la Terre
implique nécessairement la référence au cosmos*. De l’idée d’un cosmos
sphérique et géocentrique découle la conception des cercles dans le Ciel.
C’est la projection des cercles célestes sur la Terre qui donne la géographie* :
"La géographie partage la Terre selon les cercles du Ciel", expliquera
Ptolémée (90-168) quelques siècles plus tard. Les premières cartes du
monde habité sont dressées par des savants à la fois astronomes et géographes,
comme Eudoxe (406-355 av. J.-C.) et Ératosthène (276-194 av. J.-C.).
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Directeur de la bibliothèque d’Alexandrie
au IIIe siècle avant J.-C., Ératosthène est un des fondateurs
de la géographie. C’est lui qui, le premier, a calculé la circonférence
de la Terre. Bien informé par les récits de voyages rassemblés à la bibliothèque
et par ses relations avec les savants du musée, il associe les deux facettes
de la "graphie" de la Terre : l’écriture des noms de lieux
et le dessin des terres émergées. Il étudie la répartition des océans
et des continents, les vents, les zones climatiques. Comme Pythagore (VIe
s. av. J.-C.) et Parménide (544-450 av. J.-C.) avant lui, il définit
cinq zones : celle de l’équateur, torride et supposée inhabitable,
et, de part et d’autre, deux zones tempérées et deux zones glaciales.
La zone tempérée septentrionale correspond au monde habité, appelé "œkoumène*".
Au IIe siècle avant J.-C., l’astronome Hipparque perfectionne
le principe des cinq zones par un quadrillage de parallèles et de méridiens,
très pratique pour localiser les lieux et pour mieux évaluer les distances.
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Mathématicien, astronome et
géographe, Claude Ptolémée (90-168) vivait à Alexandrie au IIe
siècle après J.-C. Il couronne la science de l’Antiquité en rassemblant
sept siècles de savoir antique dans trois ouvrages principaux : l’Almageste
pour l’astronomie, la Tétrabible pour l’astrologie, et la Géographie,
un ensemble de huit volumes comprenant une carte générale et vingt-sept
cartes particulières. Ces livres témoignent de l’unité du monde et de
l’interdépendance des savoirs.
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Ptolémée géographe établit une
liste de coordonnées en "longueur" (longitude*) et en "largeur"
(latitude*), pour de nombreuses localités de l’œkoumène dont il liste
plusieurs milliers de toponymes*. Grâce à une projection plane
de la Terre, il peut établir une carte précise du monde en classant les
peuples selon leur localisation et leur zone d’influence. Le monde de
Ptolémée est divisé en "sept climats*", c’est-à-dire en sept
zones thermiques (ou "climatiques") parallèles.
En astronomie*, le fameux "système de Ptolémée" décrit le mouvement
du Soleil, de la Lune et des planètes. Celles-ci tournent autour de la
Terre qui, immobile, est placée au centre de l’Univers. Également astrologue,
Ptolémée pense que les astres, en particulier les planètes, déversent
sur la Terre des "influences" qui touchent directement les hommes,
individuellement ou collectivement.
À la fin de l’Antiquité, les bouleversements issus de la chute de l’Empire
romain font disparaître les livres et les cartes. À partir du IXe
siècle, les savants arabes et persans, installés au cœur de l’œkoumène
par l’expansion de l’islam, traduisent les ouvrages grecs et sauvegardent
la science de Ptolémée. Malgré ses défauts et ses erreurs, son œuvre forme
un savoir de référence qui fera autorité jusqu’au XVIe siècle.
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