patience...


Ovide, Héroïdes.

Traduction par Octovien de Saint-Gelais. Fait à Cognac, entre 1496 et 1498, pour Louise de Savoie.
    
Parchemin, II + 138 ° III ff., 360 x 250 mm. Reliure maroquin citron aux armes royales, fin XVIIe - début XVIIIe siècle. Exemplaire de Louise de Savoie, passé ensuite à la bibliothèque de Fontainebleau. Illustration f 30.    
Département des Manuscrits, Français 875
   
En 1496, Octovien de Saint-Gelais, évêque d'Angoulême, jeune prélat courtisan épris de littérature et d'humanisme, achevait de traduire en décasyllabes les Héroïdes d'Ovide, un recueil de vingt et une lettres fictivement attribuées par le poète latin à diverses héroïnes de l'Antiquité pleurant leurs amours déçues. Sans doute Saint-Gelais ne tarda-t-il guère à faire parvenir son œuvre à Louise de Savoie, la jeune veuve de son protecteur Charles d'Angoulême, décédé le 1er janvier 1496. Peut-être sensibilisée aux affres de la séparation par son propre deuil, Louise apprécia l'ouvrage et en fit aussitôt exécuter une copie par son " écrivain " attitré, Jean Michel, l'illustration étant confiée à Robinet Testard, enlumineur privilégié des Angoulême. Cet exemplaire des Epîtres d'Ovide, achevé probablement dès 1498, est le manuscrit Français 875, doté d'une série de " portraits " des auteurs mythiques.En dépit du flegme apparent de son grand visage blafard, Didon, appliquée à rédiger un dernier billet à Enée, a remplacé le grattoir du copiste par le poignard dont elle se percera le cœur. La coiffure extravagante de la reine de Carthage et le jeu séducteur de la transparence des manches de sa robe s'inspirent à la fois de la mode de la fin du règne de Charles VIII et des raffinements vestimentaires inventés par le peintre. La somptuosité des teintes fait oublier les disproportions du sujet, rappelant que Testard est avant tout un savant coloriste.