Arbre et connaissance

L’idée de classer les membres de la famille sous la forme d’un arbre a également pour ancêtres lointains le double motif de l’arbre de vie et de l’arbre de la connaissance du bien et du mal devant lequel ont fauté les premiers parents, Adam et Ève. Ces deux arbres ont souvent été confondus par les fidèles comme par les artistes.

  

   Les arbres du paradis

Au paradis terrestre, Dieu a expliqué à Adam et Ève qu’ils pouvaient faire leur miel de tous les arbres du jardin d’Éden ; mais, s’ils touchent aux fruits de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, ils mourront. On a toujours interprété cette scène comme une interdiction comminatoire qu’aurait transgressée le premier couple. Il peut aussi s’agir de la mise en garde d’un Dieu laissant à l’homme la liberté de choisir son destin : gagner l’éternité sous la coupe divine ou obtenir le droit à disposer de lui-même. Le Moyen Âge ne l’a interprété qu’en terme d’interdits et de culpabilité, une culpabilité attribuée prioritairement à la femme... C’est pourquoi, dans les images médiévales, c’est en général Ève qui prend l’initiative de croquer la pomme, c’est encore elle qui parvient à convaincre Adam d’en prendre une bouchée - une bouchée qui lui reste en travers du gosier ; le pauvre Adam, soumis aux volontés de son épouse et qui regrette déjà sa faute, apparaît par conséquent moins coupable aux yeux des clercs d’Église ; ces derniers rejettent la faute du côté féminin : c’est pourquoi, le plus souvent, enroulé autour du tronc de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, le Diable arbore un visage voire un corps de femme...

A la suite du péché originel, l’homme et la femme, nus, couvriront aussitôt leurs parties sexuelles... d’une feuille d’arbre, feuille de figuier en Orient, feuille de vigne en Occident. Feuille rédemptrice et fondatrice : l’humanité va être comparée à une vigne, et le Christ à une grappe de raisin pressée dans un pressoir par Dieu le Père - le vin de messe ; de même les reliques du sang du Christ sont-elles conservées, au Moyen Âge, en des reliquaires orfévrés en forme de feuille de vigne.

   

   L'arbre de la connaissance

L’idée de classer les idées sur un arbre, comme on classe les membres d’une famille, se développe au XIIIe siècle, période clé pour le classement du savoir : c’est à cette date, par exemple, que s’impose le classement alphabétique. Ce sont d’abord les connaissances théologiques (la science de Dieu) qui prennent cette forme nouvelle, et destinée à perdurer, de l’arborescence du savoir. Puis, au XVe siècle, le motif engage les savoirs plus simples (l’alphabet, les arts libéraux) avant de s’appliquer, au XVIIIe siècle, à l’ensemble des connaissances humaines, dans l’Encyclopédie.