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Le partage du monde habité La plupart des représentations médiévales
ne considèrent que la terre habitée : ce sont les "mappemondes".
Parfois, leur forme ovale, en "chlamyde", vient rappeler qu'elles ne figurent
qu'une partie de la surface du globe terrestre. Héritées
des représentations antiques partiellement conservées, ces
mappemondes reflètent la manière dont la chrétienté
conçoit l'évolution historique et la localisation de l'humanité.
Leur division tripartite – Asie, Afrique, Europe – s'efforce de concilier
une tripartition géographique héritée des Grecs,
admise déjà par Hérodote, avec l'héritage
biblique du partage réalisé après le Déluge
entre les fils de Noé, auquel s'ajoute au XIIe
siècle une tripartition fonctionnelle : l'Asie des hommes
libres ou des prêtres pour Sem ; l'Afrique des esclaves ou des travailleurs
pour Cham ; l'Europe des guerriers pour Japhet. Cette référence
biblique permet d'embrasser l'humanité entière dans des
divisions ethniques et sociales. |
L'image du monde en TO Dès le VIIIe siècle,
les représentations schématiques de la terre habitée
prennent la forme dite du "T dans l'O" : les trois parties, inscrites
dans le O de l'anneau océanique, sont séparées par
le T dont la hampe figure la Méditerranée et les branches
représentent deux fleuves : l'une, le Tanaïs, limite traditionnelle
entre l'Europe et l'Asie ; l'autre, le Nil, partage ordinaire de
l'Asie et de l'Afrique. Ce monde est fini, clos par le cercle océanique
infranchissable. |
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Les mappemondes sont souvent orientées vers l'est, c'est-à-dire
vers le soleil levant, orientation cardinale qui prend valeur théologique
par analogie avec le Christ, vrai Soleil et lumière véritable.
L'Orient et le Paradis terrestre sont placés en haut. À partir
du XIIe siècle, la signification spirituelle
de ces représentations est renforcée par la position centrale
de Jérusalem, "ombilic de la Terre". À l'intérieur
de ces trois parties du monde s'insère la représentation
des montagnes, "ossature de la Terre", et des fleuves qui la "parcourent
comme les veines d'un grand corps". Puis viennent des vignettes urbaines
évoquant les cités, agrémentées de tours,
de murailles ou d'églises. La forme traditionnelle du TO tend à
disparaître derrière la complexité du tracé
tandis que les légendes et les vignettes occupent une place de
plus en plus importante. Miroir de la création, la
mappemonde d'Ebstorf se présente comme une véritable
encyclopédie du monde médiéval. |
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Les cartes-portulans |
Dans un contexte d'essor du commerce maritime, une
nouvelle représentation cartographique, résultat de l'observation
des marins, se répand au XIVe siècle
depuis l'Italie. Ce sont les "portulans",
à la fois textes décrivant les côtes et les ports, et cartes
nautiques peintes sur parchemin avec l'indication des îles, abris
et amers pour reconnaître un rivage. En toile de fond se développe
un réseau de lignes géométriques appelé "marteloire",
différent du quadrillage des parallèles et des méridiens.
Issues des roses des vents, ces lignes de rhumbs ne servent pas à
mesurer les distances, mais indiquent aux marins les angles de route pour
se diriger avec la règle, le compas et surtout grâce à
l'usage de l'aiguille aimantée de la toute nouvelle boussole. |
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La redécouverte de Ptolémée De 1401 à 1406, Jacopo d'Angelo da Scarperia
traduit du grec au latin la "cosmographie" de Ptolémée,
dont le manuscrit avait été apporté de Constantinople
par Manuel Chrysoloras. Le titre grec de "géographie"
n'apparaît qu'à partir de la traduction italienne du Florentin
Francesco Berghieri (publiée en 1478). |
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Avec la traduction latine de Ptolémée, le monde occidental dispose désormais des outils nécessaires, grâce aux projections, pour construire une représentation géométrique du monde connu et des mondes à découvrir. |