Victor Hugo (1802-1885), auteur, 1847.
BnF, département des Manuscrits, NAF 13363, fol. 265
S'il paraît dans
Les Contemplations en 1856, avec la date fictive du 3 septembre pour coïncider avec la veille du douloureux anniversaire de la mort de Léopoldine, ce très célèbre poème a été rédigé, en réalité, le 4 octobre 1847. Le poète avait quitté Paris en compagnie de Juliette Drouet, sa maîtresse, le 30 septembre 1847 pour effectuer un voyage-pèlerinage à la mémoire de Léopoldine, à Villequier où se trouvaient déjà Adèle, sa femme, et ses enfants. Le manuscrit montre un texte né d'un seul jet sans ratures et avec peu d'hésitations.
« Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur. »
Victor Hugo,
Les Contemplations, T.2, IV, XIV.
> Texte intégral dans Gallica : Paris, W. Gerhard, 1856.