Souper chez Marguerite Gautier
La Dame aux camélias
La Dame aux camélias, le roman
Armand Duval et Marguerite Gautier
La mort de Marguerite
Marguerite Gautier
La Dame aux camélias
Alexandre Dumas fils (1824-1895), auteur, 1852.
Estampe
BnF, département des Arts du spectacle, 4-ICO THE-4079
© Bibliothèque nationale de France
Voici la même scène, qui explicite le surnom de la Dame aux camélias, traitée dans le roman et dans la pièce de théâtre. Les deux œuvres sont d’Alexandre Dumas fils.
Chapitre II
« Marguerite assistait à toutes les premières représentations et passait toutes ses soirées au spectacle ou au bal. Chaque fois que l’on jouait une pièce nouvelle, on était sûr de l’y voir, avec trois choses qui ne la quittaient jamais, et qui occupaient toujours le devant de sa loge de rez-de-chaussée : sa lorgnette, un sac de bonbons et un bouquet de camélias.
Pendant vingt-cinq jours du mois, les camélias étaient blancs, et pendant cinq ils étaient rouges ; on n’a jamais su la raison de cette variété de couleurs, que je signale sans pouvoir l’expliquer, et que les habitués des théâtres où elle allait le plus fréquemment et ses amis avaient remarquée comme moi.
On n’avait jamais vu à Marguerite d’autres fleurs que des camélias. Aussi chez madame Barjon, sa fleuriste, avait-on fini par la surnommer la Dame aux Camélias, et ce surnom lui était resté. »
Acte I, scène V
« MARGUERITE. Tu as commandé le souper ?
NANINE. Oui, madame.
MARGUERITE. Qu'est-ce que vous jouez là, Varville ?
VARVILLE. Une rêverie de Rosellen.
MARGUERITE. C'est très joli !
VARVILLE. Écoutez, Marguerite, j'ai quatre-vingt mille francs de rentes.
MARGUERITE. Et moi, j'en ai cent.
[…]
NANINE. Le docteur est venu.
MARGUERITE. Qu'a-t-il dit ?
NANINE. II a recommandé que madame se reposât.
MARGUERITE. Ce bon docteur ! Est-ce tout ?
NANINE. Non, madame ; on a apporté un bouquet.
VARVILLE. De ma part.
MARGUERITE, le prenant. Roses et lilas blanc. Mets ce bouquet dans ta chambre, Nanine.
VARVILLE, cessant de jouer du piano. Vous n'en voulez pas ?
MARGUERITE. Comment m'appelle-t-on ?
VARVILLE. Marguerite Gautier.
MARGUERITE. Et quel surnom m'a-t-on donné encore ?
VARVILLE. Celui de la Dame aux camélias.
MARGUERITE. Pourquoi ?
VARVILLE. Parce que vous ne portez jamais que ces fleurs.
MARGUERITE. Ce qui veut dire que je n'aime que celles-là, et qu'il est inutile de m'en envoyer d'autres. Si vous croyez que je ferai une exception pour vous, vous avez tort. Les parfums me rendent malade. Emporte ce bouquet.
VARVILLE. Je n'ai pas de bonheur. Adieu, Marguerite.
MARGUERITE. Adieu ! »