Le sabbat
La Sorcière
Mille malédictions sur vous, vieille sorcière
La Sorcière
Linda maestra !
Los caprichos
Francisco de Goya (1746-1828), graveur, 1793-1799.
1 estampe : eau-forte, aquatinte brunie et pointe sèche ; 21, 3 x 15 cm (élt d'impr.)
BnF, RESERVE BF-4 (J,22)-BOITE FOL
© Bibliothèque nationale de France
Dans ses « notes et éclaircissements », Michelet fait le lien avec humour entre les pouvoirs prêtés à Satan (et aux sorcières) dans l’imaginaire populaire et les derniers progrès techniques. Le balai, moyen de transport des sorcières, est évidemment évoqué. Plus sérieusement, Michelet soutient que le progrès est l’héritier de la sorcellerie.

« Ces temps rêvèrent, voulurent. Celui-ci réalise. Son démon est un Prométhée. Au grand arsenal satanique, je veux dire au riche cabinet de physique qu'offre cet hôpital [de la marine], je trouve effectués les songes, les vœux du Moyen Âge, ses délires les plus chimériques. — Pour traverser l'espace, il dit : "Je veux la force..." Et voici la vapeur, qui tantôt est une aile, et tantôt le bras des Titans. — "Je veux la foudre..." On la met dans ta main, et docile, maniable. On la met en bouteille ; on l'augmente, on la diminue ; on lui soutire des étincelles ; on l'appelle, on la renvoie. — On ne chevauche plus, il est vrai, par les airs, au moyen d'un balai ; le démon Montgolfier a créé le ballon. — Enfin, le vœu sublime, le souverain désir de communiquer à distance, d'unir d'un pôle à l'autre, les pensées et les cœurs, ce miracle se fait. Et plus encore, l'unité de la terre par un grand réseau électrique. L'humanité entière a, pour la première fois, de minute en minute, la conscience d’elle-même, une communion d'âme !... O divine magie !... Si Satan fait cela, il faut lui rendre hommage, dire qu'il pourrait bien être un des aspects de Dieu. »

Jules Michelet, La Sorcière, Notes et éclaircissements, 1862.
>Texte intégral dans Gallica : Paris, Lévy, 1878
 
 

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