Cabinet de Flaubert à Croisset
Georges Rochegrosse (1859-1938), peintre, 1874.
Photographie
Service audiovisuel, Faculté des Lettres, Université de Rouen
© Université de Rouen, Faculté des Lettres
Maupassant commence à fréquenter Flaubert, ami d’enfance de feu son oncle, Alfred Le Poittevin, à partir de 1867, il a alors dix-sept ans. Flaubert devient son mentor et l’incite à persévérer dans la carrière des lettres. Maupassant le visite à Croisset, et, une fois installé à Paris, rue Murillo, puis rue du Faubourg-Saint-Honoré, où Flaubert séjourne quand il se rend à Paris. Grâce à lui, Maupassant rencontre Tourgueniev, Edmond de Goncourt, Mendès, Zola, Daudet, commence à publier des nouvelles dans les journaux… Flaubert a le temps de saluer la publication de Boule de Suif, avant de succomber à une apoplexie le 8 mai 1880. Maupassant s’occupe personnellement de la toilette funèbre. En novembre 1890, à l’occasion de l’inauguration d’un moment de Gustave Flaubert à Rouen, Maupassant écrit pour Gil Blas un texte sur Croisset, « Flaubert et sa maison ». « Sa maison est devenue aujourd'hui une usine à pétrole. Il n'existait pas peut-être en France une demeure plus littéraire et plus séduisante pour un écrivain. Toute blanche, datant du XVIIe siècle, séparée de la Seine par un gazon et par un chemin de halage, elle regardait la magnifique vallée normande qui va de Rouen au port du Havre. Les grands navires, remorqués lentement vers la ville et vus des fenêtres du cabinet de travail de Flaubert, semblaient passer dans le jardin. Il les regardait, la face collée aux vitres, puis il retournait s'asseoir à sa table de travail, reprenait, dans son grand plat d'Orient, une des cent plumes d'oie qui dormaient là, et il se remettait à écrire en déclamant sa prose. Il veillait si tard chaque nuit que sa lampe servait de phare aux pêcheurs de la rivière. Deux des fenêtres de ce cabinet, plein de livres et de souvenirs de voyage, s'ouvraient sur le jardin, dont les allées gravissaient la côte. Un immense tulipier les venait caresser. Presque jamais Flaubert ne quittait ce cabinet de travail, n'aimant pas marcher, car il répétait souvent que le mouvement n'est point philosophique. Quelquefois, cependant, il allait se promener une demi-heure dans la longue avenue de tilleuls, à la hauteur du premier étage, allant de la maison au bout de la propriété. »