J'ai fait de la contrebande.....
Germinie en robe de bal
Le sacrifice de Germinie pour Jupillon
Mlle de Varandeuil au cimetière
Mademoiselle de Varandeuil
La pocharde
Germinie Lacerteux, croquis de scène
Edmond de Goncourt (1822-1896), auteur ; Jules de Goncourt (1830-1870), auteur ; Théophile Thomas (1846?-1916), peintre, 1903.
BnF, département des Arts du spectacle, FOL-O ICO-410 (7)
© Bibliothèque nationale de France
Germinie s’échine à rassembler de l’argent pour éviter à son amant Jupillon de partir à l’armée… quelques temps plus tard, elle découvre qu’il fréquente sa cousine. Vainement, elle tentera de reconquérir son amour, puis de récupérer son argent. Contrairement à Mlle de Varandeuil, qui ne voit Germinie qu’en bonne affectueuse, le lecteur connaît la double vie de Germinie, ses malheurs mais aussi ses accès de violence.

« Un soir qu'elle rôdait, dans la rue du Rocher, en passant devant un marchand de vin, au coin de la rue de Laborde, elle vit le dos d'un homme qui buvait sur le comptoir c'était Jupillon. […]
Enfin Jupillon sortit. Elle se dressa devant lui, les bras croisés :
– Mon argent ? lui dit-elle. Elle avait la figure d'une femme qui n'a plus de conscience, pour laquelle il n'y a de Dieu, plus de gendarmes, plus de cour d'assises, plus d'échafaud, – plus rien !
Jupillon sentit sa blague s'arrêter dans sa gorge.
– Ton argent ? fit-il, ton argent, il n'est pas perdu. Mais il faut le temps. Dans ce moment-ci, je te dirai, ça ne va pas fort, l'ouvrage… Il y a longtemps que c'est fini, ma boutique, tu sais… Mais d'ici à trois mois, je te promets… Et tu vas bien ?
– Canaille, va ! Ah ! je te tiens donc ! Ah ! tu voulais filer. Mais c'est toi, mon malheur ! c'est toi qui m'as fait comme je suis, brigand ! voleur ! filou ! Ah ! c'est toi…
Germinie lui jetait cela au visage, en se poussant contre lui, en lui faisant tête, en avançant sa poitrine contre la sienne. Elle semblait se frotter aux coups qu'elle appelait et provoquait, et elle lui criait, toute tendue vers lui :
– Mais bats-moi donc! Qu'est-ce qu'il faut donc que je te dise, dis, pour que tu me battes ? […]
– Mais bats-moi donc ! répétait-elle en marchant toujours sur Jupillon, qui cherchait à s'effacer et lui jetait en reculant des mots caressants comme on en jette à une bête qui ne vous reconnaît pas et qui veut mordre. Un rassemblement commençait autour d'eux.
– Allons, vieille pocharde, n'embêtons pas monsieur ! fit un sergent de ville qui, empoignant Germinie par un bras, la fit tourner sur elle-même rudement. Sous l'injure brutale de cette main de police, les genoux de Germinie fléchirent elle crut s'évanouir. Puis elle eut peur et se mit à courir dans le milieu de la rue. »
 
 

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