L'Empire byzantin
   

   
  L'héritier de l'Empire romain

Depuis la chute de l’Empire romain d’Occident en 476, l’héritage impérial est assuré par l’empereur d’Orient à Constantinople, "deuxième Rome". L’ancien nom grec de la ville, Byzance, désigne cet empire à la fois chrétien et oriental. Mais leurs différences linguistiques et culturelles opposent l’Occident latin et l’Orient grec. De plus, pratique et doctrine religieuses diffèrent, et l’Église orthodoxe* s’éloigne peu à peu de l’Église romaine. L’incompréhension et les prétentions rivales à l’universalité conduisent au schisme* en 1054. L’Église d’Orient est dirigée par le patriarche de Constantinople, nommé par l’empereur. À la différence de l’Occident où pape et empereur sont en conflit, à Byzance, Église et pouvoir impérial se soutiennent mutuellement pour défendre l’orthodoxie. Les moines jouissent d’une grande popularité auprès de fidèles, passionnés depuis des siècles par les questions théologiques. Ils manifestent une grande ferveur pour les icônes et les reliques. Toute cérémonie religieuse orthodoxe doit évoquer et exalter la splendeur de l’au-delà. Construites sur un plan en croix grecque symbolisant la structure du monde – le carré au sol pour la Terre, surmonté d’une coupole pour le Ciel –, les églises byzantines sont d’une richesse impressionnante, couvertes de marbre et de mosaïques sur fond d’or.
   

 
   
 

Byzance joue un rôle essentiel dans la transmission de l’héritage gréco-latin. Le maintien du grec classique comme langue écrite permet aux savants de copier et de s’imprégner des œuvres littéraires et philosophiques antiques. La culture latine subsiste surtout à travers le droit romain. Souverain de droit divin, l’empereur – le "basileus" – détient un pouvoir absolu. Vêtu de pourpre, insigne de la souveraineté byzantine, il est l'objet d'un véritable culte dans son luxueux palais. L’instabilité politique caractérise cependant l’empire. Après une période de troubles, la dynastie des Comnènes reste au pouvoir pendant un siècle (1081-1185). Elle réorganise l’empire au profit de l’aristocratie foncière, ce qui favorise le conservatisme et conduit au déclin économique.
   

  Un empire en crise
Les principales ressources de l’empire proviennent de l’agriculture et du commerce. Ruinés par des mauvaises récoltes, les petits paysans ne fournissent plus ni impôts ni contribution militaire et tombent sous la coupe de véritables tyrans locaux. Ces derniers se constituent de vastes domaines privés autonomes. Ainsi contribuent-ils à l’affaiblissement et au démembrement de l’empire.
Carrefour des routes maritimes et terrestres entre Orient et Occident, Constantinople est une plaque tournante du commerce mondial. Particulièrement actifs, les marchands vénitiens obtiennent de nombreux avantages commerciaux au détriment des négociants byzantins. Les profits du commerce échappent à l’empire et la monnaie subit une forte dépréciation. Constantinople cherche alors à favoriser les Génois et les Pisans au détriment des Vénitiens. En représailles, ces derniers se détournent des grands ports byzantins dont l’activité s’étiole et la population diminue.
    
  Un empire assiégé

En 1071, les Normands* expulsent définitivement les Byzantins d’Italie. La même année, la défaite de Mantzikert face aux Turcs seldjoukides* prive l’empire des deux tiers de l’Asie Mineure. Pendant tout le XIIe siècle, la dynastie des Comnènes résiste fort difficilement aux envahisseurs de tous les côtés : Occidentaux à l’ouest, Orientaux à l’est et peuples d’Europe centrale au nord. Face à l’incessante pression turque, l’empereur, dont les revenus diminuent, demande l’aide de l’Occident. Convoité par les croisés, l’empire ne peut résister en 1204 à l’attaque de la quatrième croisade détournée par Venise. Le pillage de Constantinople consacre la rupture définitive entre chrétiens d’Orient (orthodoxes) et chrétiens d’Occident (catholiques). L’empire tentera vainement de restaurer sa puissance et son prestige jusqu’en 1453, où il tombe aux mains des Ottomans*.