L'ambiguïté des passages
Walter Benjamin
« Paris, capitale du XIX
e siècle », « exposé » de
1939, in
Das Passagen-Werk, Frankfurt am Main, Suhrkamp Verlag,
1982, p. 60-77, texte téléchargeable sur
Les
classiques des sciences sociales.
"Une façon de percevoir l’ambiguïté, la double
signification des passages : leur richesse en miroirs, qui donne aux
espaces une ampleur fabuleuse et rend plus difficile l’orientation.
Car ce monde de miroirs peut bien avoir plusieurs significations et même
une infinité de significations, il n’en demeure pas moins un
monde ambigu à deux significations. Il cligne des yeux, il est toujours
cela, et jamais rien, à partir de quoi un autre aussitôt surgit.
L’espace qui le métamorphose le fait au sein du néant […]
Un bruissement de regards emplit les passages. Il n’est aucune chose
qui ici, au moment où l’on s’y attend le moins, n’ouvre
fugitivement un œil pour le fermer dans un clignement rapide. Et si l’on
se rapproche pour mieux voir, il a disparu. L’espace prête son écho
au bruissement des regards."