Le Paris de Robert Desnos
Robert Desnos
Destinée
arbitraire, (1975) Paris, Poésie Gallimard, 2005, p. 220-221.
"Rue Aubry-le-Boucher (en démolition)
Rue Aubry-le-Boucher on peut te foutre en l'air,
Bouziller tes tapins, tes tôles et tes crèches
Où se faisaient trancher des sœurs comaco blèches
Portant bavette en deuil sous des nichons rider.
On peut te maquiller de béton et de fer
On peut virer ton blaze et dégommer ta dèche
Ton casier judiciaire aura toujours en flèche
Liabeuf qui fit risette un matin à Deibler.
À Sorgue, aux Innocents, les esgourdes m'en tintent.
Son fantôme poursuit les flics. Il les esquinte.
Par vanne ils l'ont donné, sapé, guillotiné
Mais il décarre, malgré eux. Il court la belle,
Laissant en rade indics, roussins et hirondelles,
Que de sa lame Aubry tatoue au raisiné."