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Philosophe des cheminements complexes et
contrastés, Hegel connaît un difficile itinéraire,
riche en contradictions, puisque celui qui passe pour le penseur le plus
idéaliste et le plus spéculatif, lhomme du
système, est aussi linventeur dune méthode
hardie et novatrice : la dialectique, qui permet à la philosophie
de tout comprendre en introduisant une vue historique, une théorie
du mouvement.
Sa biographie est étroitement liée au
contexte historique de son temps. Il étudie au gymnase de
Stuttgart : le journal quil tient et qui a été
conservé, nous le montre écolier studieux, grand liseur, et
déjà grand amasseur de notes.
À partir de 1788, il poursuit à
luniversité de Tübingen des études classiques
qui seront à lorigine de son attachement à la civilisation
grecque. Il lit Kant et Rousseau et senflamme aux
premières nouvelles de la Révolution française.
Il se lie damitié avec Hölderlin et
Schelling. Puis, de 1793 à 1796, il étudie la
théologie et la philosophie religieuse. Il exerce ensuite diverses
professions plus ou moins obscures qui ne lui assurent quavec peine,
à lui et à sa famille, une vie décente. Il est loin
de cette vie protégée que lui a longtemps attribué sa
mauvaise légende!
Son accès aux fonctions universitaires est longtemps
différé et, avant de devenir en 1818 professeur à
luniversité de Berlin, il est tour à tour boursier,
précepteur, rédacteur, proviseur de lycée... Loin de
léloigner du « Système », la diversité
de ces expériences lamène au contraire à rechercher
lunité : il réunit dans une vision synthétique
toutes les expériences, les connaissances, les réflexions les
plus diverses, continuellement consignées et recueillies dans des
notes, des extraits de lecture, des plans, des brouillons, des essais. Il
tire aussi largement profit de la lecture quotidienne des journaux, quil
compare à une sorte de « prière du matin moderne ». Il décèle en tout des progressions, des assimilations
secrètes. Les philosophes dans leur suite, sont comme un homme qui
ne mourrait jamais et philosopherait toujours.
Le système nest pas pour lui le refus du réel,
mais plutôt son émanation, car « tout ce qui est réel
est rationnel ». Leffort personnel à fournir par le
philosophe, cest de triompher de ses limitations subjectives pour
accèder au savoir universel en abandonnant tous les points de vue
bornés. Cest en ce sens quil écrit : « Ce
qui est de moi dans mes livres est faux! ».
Sa philosophie toute entière est une entreprise
de récupération des « choses » au profit de
lesprit, une longue ascension vers le système.
Cest dans les Leçons de
Berlin quil procède à la conquête
systématique de tous les contenus possibles de pensée. Il y
passe en revue les peuples, les états, les religions, les droits,
les arts, les philosophies et il brosse un grand tableau synoptique historique
et dialectique du genre humain.
Mais en 1831, la mort vient interrompre son entreprise. |