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Les métaphores du savoir : l'arbre, le cercle

L'arbre

Raymond Lulle présente sa vision unitaire et hiérarchisée du savoir profane et religieux sous la forme d'un « arbre des sciences ». Celui ci comprend :

  • dix-huit racines : neuf pour les principes divins, neuf pour les principes logiques,
  • des branches qui correspondent aux grands domaines de la connaissance et qui sont présentées comme autant d'arbres secondaires (voir ci-contre l'arbre secondaire pour l'éthique).


Arbor moralis, Raymond Lulle,
Lyon, 1636
Paris, BnF

L'arbre et le cercle

L’ouvrage de Christophe de Savigny expose le savoir en une série de tableaux, dont le premier est une image de l’« Encyclopédie, ou la suite et liaison de tous les Arts et Sciences » ; les suivants descendent dans le détail de chaque grande discipline. Il s’inspire des principes méthodiques édictés par Pierre de La Ramée (Ramus) : principe de « partition » et principe de « réduction en ordre ».

 

Les différents domaines de la connaissance s’enchaînent selon un ordre logique, du général au particulier, à partir de deux propositions inverses (corporel/incorporel, qualitatif/quantitatif, animé/inanimé, etc..).

Cette unité profonde du savoir appelle une double métaphore :

  • celle du « rond des sciences »,
  • celle de l’arbre des connaissances.

L’image du cercle des sciences, à l’origine même du mot encyclopédie (enkuklios « cycle, cercle » et paideia « éducation »), est rappelée par l’ovale du tableau. Les muses (disciplines du savoir), que Guillaume Budé voyait danser et former une ronde en se passant une corde de main en main, représentant « l’harmonie des sciences et la parenté de leurs études », ont disparu. Elles sont remplacées par la chaîne du cadre, qui illustre la méthode décrite par Ramus en 1555 : « quelque longue chaîne d’or telle que ceint Homère, de laquelle les annelets soient ces degrès ainsi dépendants l’un de l’autre, et tous enchaînés si justement ensemble, que rien ne s’en puisse ôter sans rompre l’ordre et continuation du tout ».

Christophe de Savigny,Tableaux accomplis de tous les arts libéraux ,
1587 BnF, Réserve

Il s’agit ici d’un cercle fermé, d’un savoir d’où la notion de progrès est totalement absente. Ce concept apparaîtra au XVIIe siècle avec Francis Bacon qui dresse un nouveau tableau des sciences et adopte, lui aussi, l’image de l’arbre, mais un arbre en milieu ouvert, dont les branches portent des bourgeons, symbole d’un savoir en augmentation constante.



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