Peuple nourri d'odeurs
Roi des Gangarides
Alexandre
et les Brahmanes
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Source et cours
Le Phison prend sa source aux extrémités
de la terre, quelque part dans la chaîne du Caucase, plus précisément
dans les monts Oscobares. Là vivent, dit-on, des hommes nourris
de la seule odeur de fruits qu'ils emportent avec eux lorsqu'ils s'éloignent
de peur de succomber à une odeur mauvaise.
Après avoir reçu une dizaine d'affluents, le fleuve coule
vers l'est. Il traverse ce que la Bible appelle la terre d'Evilath, c'est-à-dire
la version biblique de l'Inde.
Durant son cours moyen, le Gange forme une grande île sur
laquelle figure un personnage royal, assis sur un trône, couronné
et muni d'un sceptre. Dans cette île très peuplée,
le roi aurait sous ses ordres 50 000 fantassins, 54 000 cavaliers
et un grand nombre d'éléphants. Il se jette ensuite du côté
de l'orient dans le grand Océan qui entoure la terre. C'est là,
à proximité de l'embouchure du Gange, que dans certaines
versions de l'Histoire d'Alexandre, le Conquérant aurait
rencontré les Brahmanes :
Ils vivent nus près du fleuve, sans travailler
ni rien posséder ; profitant de la douceur du climat, ils
passent leur temps à prier, vivent de la cueillette et d'eau fraîche
et dorment dans les forêts sur des jonchées. Les hommes résident
sur la rive gauche du Gange voisine de l'Océan, les femmes sur
la rive qui touche à l'Inde, et les hommes les rejoignent aux mois
de juillet et août, les plus frais et, selon eux, les plus propices
aux unions. Au bout de quarante jours, les hommes repassent le fleuve.
Les hommes cessent d'approcher leur femme dès qu'ils en ont eu
deux enfants, qui reviennent respectivement à chacun de leurs parents.
Une femme s'avérant stérile garde son homme cinq ans, après
lesquels il cesse de la voir si elle n'a pas conçu. Ces coutumes
expliquent la faiblesse numérique de ce peuple.
Le Gange est un fleuve aux eaux fertiles, rempli de poissons où
vivent des anguilles qui passent pour mesurer entre 30 et 300 pieds de
long, et une sorte de vers d'une espèce particulièrement
redoutable munie de bras, à la façon d'un crabe, de six
coudées de long, qui lui permettent d'attraper les éléphants
et les attirer sous l'eau.
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