Alain Recoing dans le Grand Foyer de Chaillot, côté Paris, devant le castelet construit par Yannis Kokkos
Théâtre National de Chaillot : La Tentation de Saint-Antoine, création du 20 avril au 14 mai 1982
Mise en scène Alain Recoing, texte Paul Eloi (Eloi Recoing), décor Jean-Baptiste Manessier, marionnettes Maryse Le Bris assistée de Karina Chérès, manipulateurs Alain Recoing, David Recoing, Pierre Blaise, musique Francisco Orozco, assistant Paul Recoing
© Photo Claude Bricage
« La marionnette remue en nous des choses profondes. Elle est la partie pour le tout ; c’est la main à la place de la tête ou du corps entier. Le plaisir qu’on éprouve devant elle a quelque chose de ma connaissance érotique : en possédant un fragment du corps d’un autre ou d’une autre, on croit posséder l’être même, le monde par surcroît, et cette soif renaît sans cesse. Ainsi le Corps du Christ s’étend à la Création. La marionnette est là, toujours là, dans l’acte sacramentel.
Cette saisie du tout par la partie réalise nos rêves d’enfance. Il est devenu difficile, aujourd’hui, de dire que la marionnette est par excellence l’art des enfants ? Les montreurs souffrent de cette prison qui les enferma ; il est vrai qu’on humilie l’enfant en lui donnant la marionnette, et la marionnette en lui donnant l’enfant, comme si chacun des deux n’était bon qu’à l’autre, et je comprends bien l’indignation des artistes exigeant reconnaissance pour l’âge vénérable de leur métier, son passé illustre et sa tradition dans le monde ; il fallait, en effet, mener ce combat.
Mais, au-delà du combat, je suis convaincu que la marionnette prend sa source dans les jeux secrets de l’enfance. […] »
Antoine Vitez, brochure jeune public, saison 1981-1982, p. 3.
Cette saisie du tout par la partie réalise nos rêves d’enfance. Il est devenu difficile, aujourd’hui, de dire que la marionnette est par excellence l’art des enfants ? Les montreurs souffrent de cette prison qui les enferma ; il est vrai qu’on humilie l’enfant en lui donnant la marionnette, et la marionnette en lui donnant l’enfant, comme si chacun des deux n’était bon qu’à l’autre, et je comprends bien l’indignation des artistes exigeant reconnaissance pour l’âge vénérable de leur métier, son passé illustre et sa tradition dans le monde ; il fallait, en effet, mener ce combat.
Mais, au-delà du combat, je suis convaincu que la marionnette prend sa source dans les jeux secrets de l’enfance. […] »
Antoine Vitez, brochure jeune public, saison 1981-1982, p. 3.
© BnF, Éditions multimédias, 2019