Les Frères Jacques à la Rose rouge
1947
© Photo Robert Doisneau / Gamma-Rapho
C’est au café Le Flore, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, que Jacques Prévert et quelques-uns de ses amis, parmi lesquels Nikos Papatakis, élaborent l’idée d’un écrin dédié au théâtre et la poésie, à travers des « spectacles de poche ». Ils choisissent de s’installer à La Rose rouge, au 53 rue de la Harpe, un restaurant africain tenu par l’un de leurs amis. Le cabaret peine tout d’abord à trouver son public mais est repéré au bout de quelques mois par Maria Casarès, qui y attire bientôt ses amis Roger Blin et Gérard Philipe. Le lieu est alors lancé. Les soirées sont souvent composées en deux parties, une première construite sur une succession de chansons et numéros variés, une seconde dédiée à une petite pièce dramatique en un acte ou quelques tableaux. Après le retrait de certains partenaires à la fin de l’année 1947, l’aventure continue au 76 rue de Rennes, qui peut accueillir jusqu’à 150 personnes. La salle étant au bord de la faillite, c’est l’engagement des Frères Jacques, en juin 1948, qui relance la machine à succès. Fort d’une petite notoriété, le quatuor permet à la Rose rouge de s’imposer comme le cabaret théâtre majeur de la capitale. La Rose rouge offre un tremplin à bien des artistes parmi lesquels Charles Aznavour, Jean Ferrat, Annie Girardot ou encore Jacques Dufilho, mais le départ de Papatakis, au début de l’année 1954, et la reprise du cabaret par un homme d’affaire argentin accélèrent la fin de ce lieu emblématique, qui ferme définitivement ses portes en 1956.
© BnF, Éditions multimédias, 2019