Le vendeur de tisane : « Il porte une fontaine de fer-blanc sur son dos ; il a un bonnet garni de plaques et de plumes de héros ; il est ceint d’un tablier blanc ; il se place dans un passage public, toujours de debout ; il crie incessamment et interrogativement : A la fraîche, qui veut boire ? Deux gobelets d’argent sont enchaînés à la ceinture, de peur sans doute que le buveur ne les emporte et ne le cache après dans la foule ; mais la chaîne longue et courbée pend encore jusqu’à terre. Celui qui boit n’est pas sûr davantage d’avaler jusqu’à la dernière goutte. Un passant brusque marche sur la chaîne qu’il n’aperçoit pas, fait danser le gobelet et la liqueur ; tout le groupe environnant est mouillé de l’eau de réglisse qui a échappé aux lèvres avides et trompées du nouveau Tantale. » (Extrait de Le Tableau de Paris, Louis-Sébastien Mercier, "Vendeur de tisane", chap. CCCCXLVII, t. VIII)