Victor Hugo (1802-1885), auteur ; Gustave Brion, (1824-1877), illustrateur ; Jules Hetzel et A. Lacroix, éditeurs.
2 vol. (798 p.) : fig. ; gr. in-8
Jean Valjean, ancien forçat, est à présent maire de Montreuil-sur-Mer. Il se fait appeler M. Madeleine et est un notable reconnu et apprécié de tous pour sa générosité et son courage. Son passé cependant le rattrape en la personne de Javert, inspecteur de police venu lui annoncer le procès imminent de Champmathieu soupçonné d'être Jean Valjean.
« Il ralluma brusquement sa bougie.
— Eh bien quoi ! se dit-il, de quoi est-ce que j'ai peur ? qu'est-ce que j'ai à songer comme cela ? me voilà sauvé ! tout est fini. […] Après tout, s'il y a du mal pour quelqu'un, ce n'est aucunement de ma faute. C'est la Providence qui a tout fait. C'est qu'elle veut cela apparemment ! Ai-je le droit de déranger ce qu'elle arrange ? Qu'est-ce que je demande à présent ? De quoi est-ce que je vais me mêler ? […] Il se parlait ainsi dans les profondeurs de sa conscience, penché sur ce qu'on pourrait appeler son propre abîme. Il se leva de sa chaise, et se mit à marcher dans la chambre. — Allons, dit-il, n'y pensons plus. Voilà une résolution prise ! — Mais il ne sentit aucune joie.
Au contraire.
On n'empêche pas plus la pensée de revenir à une idée que la mer de revenir à un rivage. Pour le matelot, cela s'appelle la marée ; pour le coupable, cela s'appelle le remords. Dieu soulève l'âme comme l'Océan. »
Victor Hugo,
Les Misérables, I, VII, 3.
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