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Prisonnier
des Byzantins en Palestine à la fin du IXe siècle,
ce Syrien fut conduit à Constantinople. Il y vécut peut-être
comme esclave. Certains historiens pensent qu'étant de religion
chrétienne, il fut relâché et visita la ville avant
sa libération définitive. Sa description de Constantinople
est l'une des plus importantes des relations laissées par les visiteurs
de cette ville au Moyen Âge.
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L'église de
l'empereur (la Néa) a dix portes, quatre d'or et six d'argent.
Dans la loge où se tient l'empereur, il y a un emplacement de quatre
coudées sur quatre, incrusté de perles et de rubis. L'autel
sur lequel le prêtre fait la prière a cinq empans de long
sur six de large et il est composé d'une pièce de bois d'aloès
incrustée de perles et de rubis ; le prêtre de l'empereur
se tient devant. Tous les plafonds de l'église sont voûtés
et sont en or et en argent.[...]
Près de cette coupole, dans cette cour, à 200 pas,
est une citerne d'où est amenée l'eau aux statues placées
au sommet des colonnes. Aux jours de fête, on remplit cette citerne
du contenu de 10 000 amphores de vin et 1 000 de miel
blanc qu'on verse dans le vin. On parfume également ce vin avec
du nard, du girofle et du cinnamome dans la proportion d'une charge de
chameau. La citerne est couverte de sorte qu'on n'en peut rien voir. Quand
l'empereur sort de son palais pour entrer à l'église, ses
yeux tombent sur ces statues et sur le vin qui s'écoule de leurs
bouches et de leurs oreilles et s'amasse dans le bassin qu'il remplit
et chacune des personnes de l'entourage de l'empereur qui sont venues
assister avec lui à la fête prend une gorgée de ce
vin.
Le Livre des Atours Précieux d'Ibn Rustah, cité dans
M. F. Auzepy,
M. Kaplan, B. Martin-Hisard, La Chrétienté orientale
du début du
VIIe siècle au milieu du Xe siècle,
Paris, Sedes, 1996.
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