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L'eau dont les habitants
ont besoin pour arroser leurs jardins est amenée au moyen d'une
technique vraiment ingénieuse dont l'invention est due à
`Ubayd Allah b. Yûnis al-Muhandis ("le technicien") et
qui n'est praticable que parce que la nappe phréatique est peu
profonde et est atteinte en creusant peu au-dessous de la surface de la
terre. L'homme mentionné, `Ubayd Allah b. Yûnis al-Muhandis,
arriva à Marrakech au début de sa construction. Il n'y existait
alors qu'un seul jardin, appartenant à Abû al-Fasl, affranchi
du prince des musulmans dont on vient de parler. `Ubayd Allah dirigea
ses recherches vers la partie supérieure du terrain attenant à
ce jardin ; il y creusa un puits carré de larges dimensions,
d'où il fit partir un canal à ciel ouvert ; il continua
de creuser en descendant par degrés, du haut en bas. La pente était
telle que l'eau arrivait jusqu'au jardin en coulant au niveau de la surface
de la terre et en la recouvrant par un processus ininterrompu. Celui qui
observe le niveau du sol ne note pas le grand dénivellement, de
la nappe phréatique à la surface, que nécessite l'extraction
de l'eau ; mais il le parvient à comprendre s'il sait que
la méthode réside ici dans le nivellement de la surface.
Le prince des musulmans apprécia l'invention de `Ubayd Allah b.
Yûnis al-Muhandis : il le combla d'argent et de vêtements
et il lui ouvrit sa demeure pendant la période où il resta
dans la ville. Les habitants de la ville, voyant cela, se mirent à
creuser la terre sans discontinuer pour amener de l'eau dans les jardins
qui se multiplièrent tout comme les vergers, les cultures de Marrakech
se densifièrent et son territoire devint fort beau, tout comme
son aspect général.
Al-Idrîsî, Nuzhat
al-mushtaq fî ikhtirâq al-âfâq,
encore appelé Livre de Roger. Sicile, 1154.
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