Guillaume Budé, 1467-1540:

Un humaniste exemplaire

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[Sommaire du Cahier TSM]

BIOGRAPHIE

Fidèle à la tradition familiale, Guillaume Budé entreprend des études de droit, mais elles le déçoivent et le détournent des livres, jusqu'à l'âge de vingt-cinq ans où il décide de se consacrer à nouveau à l'étude. Il apprend alors en même temps le grec, les mathématiques, les sciences naturelles, la philosophie, l'histoire, la théologie, le droit et la médecine. Animé d'une extraordinaire boulimie du savoir, il acquiert seul une très vaste érudition encyclopédique.

Budé représente un nouveau type d'écrivain, autodidacte et laïc; jusque-là en effet, les grands érudits étaient des clercs formés longuement par des maîtres. Homme d'étude, il ne dédaigne pas de prendre «dans le siècle» d'importantes responsabilités : secrétaire du roi, puis chargé de mission auprès du Saint-Siège, il accompagne François Ier au Camp du Drap d'Or (1520).

À la faveur de l'intérêt que lui prête le roi, Budé propose à celui-ci la création d'un Collège des Trois- Langues (le futur Collège de France) et sollicite, pour en assurer la direction, Érasme qui refuse. Le Collège ne sera fondé qu'en 1530.

Budé est lié avec Érasme mais aussi avec Thomas More, Rabelais, Dolet, avec lesquels il entretient une abondante correspondance, tantôt en latin, tantôt en grec, tantôt en français.

Le nom de Budé est lié à la création de la Bibliothèque de Fontainebleau qui sera plus tard transportée à Paris pour devenir la Bibliothèque nationale. Il porte, le premier, le titre de maître de la librairie du Roy.

Il s'enorgueillit d'avoir « rouvert les sépulcres de l'Antiquité » et s'attache dans le plus célèbre de ses ouvrages, le De Asse (1515), à renouveler largement l'interprétation des textes des historiens, des jurisconsultes de l'Antiquité et de Pline dont il étudie les manuscrits très altérés.

Son oeuvre reflète la diversité de son érudition, mais aussi la curiosité encyclopédique de son époque. Il pense que le savoir mène à la sagesse et conçoit l'étude comme une voie de salut et de sainteté. Il fait l'apologie de la tête bien faite plutôt que de la tête bien pleine et réfléchit sur l'unité profonde des études littéraires dont le fondement doit rester l'exercice du jugement critique.Selon lui, toute spéculation est orgueilleuse et vaine; la vérité est don de Dieu. L'exercice philosophique par excellence est la lecture, l'interprétation et la méditation de l'Écriture sainte qui conduisent à la contemplation.

Dans le De Transitu , il tente une synthèse entre études sacrées et études profanes, christianisme et héritage antique. Mais tandis qu'il rédige son livre, éclate l' « Affaire des Placards » et il en est particulièrement bouleversé. Le ton de son ouvrage entamé dans la sérénité change et se dramatise. Il adjure le lecteur et lui-même de se convertir, et il entre alors dans un silence définitif.

Travailleur infatigable, salué comme le plus grand humaniste français, Guillaume Budé a laissé une oeuvre considérable. Si celle-ci reste cependant méconnue, c'est parce qu'elle s'adresse à un public d'initiés. Budé ne se soucie pas de vulgariser le savoir et de toucher un vaste public : c'est un érudit qui écrit pour des érudits, un penseur qui philosophe dans une langue poétique tissée de symboles et de figures. C'est pourtant à lui que l'on doit la notion d'encyclopédie, cette idée que les disciplines, toutes tributaires d'une science unique, celle du langage, sont indissolublement liées entre elles.

OEUVRES PRINCIPALES

- De studio literarum recte et commode instituendo,

- De Asse,

De Transitu.

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CITATIONS

  1. J'ai eu soin d'exprimer de façon énigmatique un certain nombre d'idées [ ] afin de rester personnellement comme à l'écart et à l'abri, tout en disant néanmoins ce que j'ai envie de dire.
  2. Ceux qui de nos jours s'acharnent à poursuivre ces biens [de fortune] font [ ] la course avec l'ombre d'un âne; or, comme la philosophie a le pouvoir de délivrer de telle erreur ceux qui la cultivent et de procurer à l'homme la véritable gloire qui est impérissable, je me suis efforcé d'exposer clairement ce qu'est la vraie philosophie.
  3. (À propos des Muses, allégories des disciplines du savoir) Leur danse et l’espèce de ronde qu’elles forment en se passant une corde de main en main [...] représentent manifestement l’harmonie des sciences, et la parenté de leurs études.
  4. Les oiseaux qui s’envolent vers un sommet abrupt ne le gagnent pas en ligne droite, mais s’élèvent bien plus aisément en tournoyant. Ainsi l’esprit humain peut faire son ascension vers la contemplation de la sagesse de façon meilleure et plus éclairée par les détours d’une méthode appropriée, plutôt qu’en faisant l’économie de l’étude et en se portant directement du plus bas degré de connaissance vers le plus haut, escamotant ainsi les étapes successives du savoir. C’est en ce sens que Salomon fait entendre qu’il a parcouru toute l’encyclopédie des ouvrages de l’esprit humain, et semble nous exhorter à ne pas craindre de recueillir à travers tous les systèmes de la philosophie profane et ancienne les traces de la sagesse.
    De asse.
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