![[Sommaire du Cahier TSM]](icones/ic-catsm.gif)  |
Fidèle à la tradition familiale,
Guillaume Budé entreprend des études de droit, mais
elles le déçoivent et le détournent des livres,
jusqu'à l'âge de vingt-cinq ans où il décide de
se consacrer à nouveau à l'étude. Il apprend alors en
même temps le grec, les mathématiques, les sciences naturelles,
la philosophie, l'histoire, la théologie, le droit et la médecine.
Animé d'une extraordinaire boulimie du savoir, il acquiert seul une
très vaste érudition encyclopédique.
Budé représente un nouveau
type d'écrivain, autodidacte et laïc; jusque-là en
effet, les grands érudits étaient des clercs formés
longuement par des maîtres. Homme d'étude, il ne dédaigne
pas de prendre «dans le siècle» d'importantes
responsabilités : secrétaire du roi, puis chargé de
mission auprès du Saint-Siège, il accompagne François
Ier au Camp du Drap d'Or (1520).
À la faveur de l'intérêt que lui
prête le roi, Budé propose à celui-ci la
création d'un Collège des Trois- Langues (le futur
Collège de France) et sollicite, pour en assurer la direction,
Érasme qui refuse. Le
Collège ne sera fondé qu'en 1530.
Budé est lié avec Érasme mais
aussi avec Thomas More,
Rabelais, Dolet, avec lesquels il
entretient une abondante correspondance, tantôt en latin, tantôt
en grec, tantôt en français.
Le nom de Budé est lié à
la création de la Bibliothèque de Fontainebleau qui
sera plus tard transportée à Paris pour devenir la
Bibliothèque nationale. Il porte, le premier, le titre de
maître de la librairie du Roy.
Il s'enorgueillit d'avoir « rouvert les
sépulcres de l'Antiquité » et s'attache dans le plus
célèbre de ses ouvrages, le De Asse (1515), à
renouveler largement l'interprétation des textes des historiens, des
jurisconsultes de l'Antiquité et de
Pline dont il étudie les manuscrits
très altérés.
Son oeuvre reflète la diversité de son
érudition, mais aussi la curiosité encyclopédique de
son époque. Il pense que le savoir mène à la
sagesse et conçoit l'étude comme une voie de salut et de
sainteté. Il fait l'apologie de la tête bien faite plutôt
que de la tête bien pleine et réfléchit sur l'unité
profonde des études littéraires dont le fondement doit rester
l'exercice du jugement critique.Selon lui, toute spéculation est
orgueilleuse et vaine; la vérité est don de Dieu. L'exercice
philosophique par excellence est la lecture, l'interprétation et la
méditation de l'Écriture sainte qui conduisent à la
contemplation.
Dans le De Transitu , il tente une
synthèse entre études sacrées et études profanes,
christianisme et héritage antique. Mais tandis qu'il rédige
son livre, éclate l' « Affaire des Placards
» et il en est particulièrement bouleversé. Le
ton de son ouvrage entamé dans la sérénité change
et se dramatise. Il adjure le lecteur et lui-même de se convertir,
et il entre alors dans un silence définitif.
Travailleur infatigable, salué comme le plus
grand humaniste français, Guillaume Budé a laissé
une oeuvre considérable. Si celle-ci reste cependant méconnue,
c'est parce qu'elle s'adresse à un public d'initiés.
Budé ne se soucie pas de vulgariser le savoir et de toucher
un vaste public : c'est un érudit qui écrit pour des érudits,
un penseur qui philosophe dans une langue poétique tissée de
symboles et de figures. C'est pourtant à lui que l'on doit la notion
d'encyclopédie, cette idée que les disciplines, toutes
tributaires d'une science unique, celle du langage, sont indissolublement
liées entre elles. |