François Rabelais, 1494-v.1553:

Bâtir des pierres vives

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BIOGRAPHIE

- 1494 : naissance à la métairie de «la Devinière» de François Rabelais, fils d’Antoine Rabelais, avocat à Chinon.

- 1511-1518 : Rabelais est novice chez les franciscains, près d’Angers.

- 1519 : il entre au couvent franciscain du Puy-Saint-Martin à Fontenay-le-Comte.

- 1521-1524 : il se passionne pour le grec, fréquente un groupe d’humanistes et entretient une correspondance en latin et en grec avec Guillaume Budé. Il étudie le droit. On lui retire ses livres de grec sur ordre de la Sorbonne, qui interdit l’étude de l’Écriture dans les textes originaux.

- 1525 : Rabelais obtient du pape l’autorisation de passer dans l’ordre des Bénédictins dont les règles sont moins strictes et le milieu plus ouvert.

- 1528-1530 : au cours de ses nombreux déplacements, il fréquente les universités de Bordeaux, Toulouse, Orléans, Paris où il séjourne et prend l’habit de prêtre séculier.

- 1530 : il s’inscrit à la faculté de médecine de Montpellier, où il est reçu bachelier la même année. La médecine englobe alors diverses disciplines : l’anatomie, la physiologie, la physique et l’histoire naturelle. Il est chargé d’un cours et commente dans le texte Hippocrate et Galien.

- 1532 : il est nommé médecin de l’Hôtel-Dieu de Lyon. Il publie, sous le pseudonyme d’Alcofribas Nasier, Pantagruel.

- 1533 : Pantagruel est condamné par la Sorbonne. Sa réputation de médecin lui vaut la protection de l’évêque de Paris, Jean Du Bellay, futur cardinal.

- 1534 : de janvier à mai, il accompagne Jean Du Bellay à Rome. À l’automne, il publie Gargantua.

- 1535-1536 : second voyage à Rome, au cours duquel il obtient du pape son absolution pour avoir quitté le froc bénédictin.

- 1536 : il passe à Montpellier la licence et le doctorat ; il va alors devenir l’un des premiers médecins du royaume, enseignant et exerçant la médecine à travers la France. Il explique Hippocrate dans le texte grec et pratique des dissections de cadavres, méthode d’observation encore peu pratiquée à l’époque.

- 1543 : la Sorbonne condamne à nouveau Gargantua et Pantagruel. Rabelais est « maître des requêtes du Roi ».

- 1545 : il obtient un privilège de François Ier pour imprimer librement ses livres pendant dix ans.

- 1546 : Parution du Tiers Livre, où Rabelais a renoncé à la satire religieuse et aux violentes attaques contre la Sorbonne, qui condamne cependant l’ouvrage. Rabelais se réfugie à Metz, où il devient médecin de la ville.

- 1547 : mort de François Ier.

- 1550 : Rabelais obtient du roi Henri II un privilège pour la réimpression de ses ouvrages.

- 1551 : le cardinal Du Bellay lui fait attribuer la cure de St-Martin de Meudon, dont il peut toucher le bénéfice sans y séjourner complètement.

- 1552 : Parution du Quart Livre, immédiatement condamné par le Parlement.

- 1553 : mort de Rabelais à Paris.

Ses idées religieuses :

  • Rabelais est un fervent partisan de l’« Évangélisme ». Ce mouvement humaniste veut épurer la religion catholique et s’oppose aux ambitions temporelles des papes. Il proclame la nécessité de prendre l’Écriture comme seul fondement du christianisme et d’abandonner les institutions créées par les hommes. Pour ce faire, il faut étudier l’Écriture dans le texte original et procéder éventuellement à de nouvelles traductions et interprétations.
  • Il défend l’idée d’une morale plus conforme aux exigences de la nature et de la vie, mais reposant sur la foi religieuse.

Ses idées pédagogiques :

  • Rabelais propose un système d’éducation nouveau qui prodigue un savoir encyclopédique : c’est la variété qui stimule l’appétit de savoir. Il rêve d’une connaissance universelle et totale.
  • L’éducation doit former autant le corps que l’esprit. Les exercices physiques ont une large place dans son programme éducatif.
  • Il préconise l’apprentissage des langues anciennes (le grec était interdit à la Sorbonne) pour aborder les textes bibliques.
  • Il critique l’enseignement purement livresque et laisse une grande part à la pratique et à l’expérimentation.
  • Ses méthodes pédagogiques sont basées sur l’apprentissage dans la joie : on n’apprend bien qu’en se distrayant.

Ses idées juridiques :

  • Rabelais prône le retour au droit romain et la limitation du droit écclésiastique.

Ses idées pacifistes :

  • Il déclare que « le bon prince doit être pacifique » et doit faire passer les intérêts du peuple avant tout.

Rabelais réalise la transition entre deux époques : s’il est encore un homme du Moyen Âge qui aime la liesse et la farce, il est aussi un contemporain de la Renaissance, humaniste savant, médecin féru de grec et partisan du retour à la nature . À travers lui, le Moyen Âge et la Renaissance, loin de s’opposer, découlent harmonieusement l’un de l’autre.

OEUVRES PRINCIPALES

- Les horribles et espoventables faictz et prouesses du très renommé Pantagruel Roy des Dipsodes, filz du Grand Géant Gargantua, composez nouvellement par maistre Alcofribas Nasier (1532).

- La vie très horrifique du grand Gargantua, père de Pantagruel (1534).

- Le Tiers Livre (1546).

- Le Quart Livre (1548-1552).

- Le Cinquième Livre, paru en 1564, dont l’attribution à Rabelais demeure incertaine.

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CITATIONS

  1. Mais parce que, selon le sage Salomon,
    sapience n’entre point en âme malivole,
    et science sans conscience n’est que ruine de l’âme,
    il te convient servir, aimer et craindre Dieu.
  2. Je ne bâtis que pierres vives, ce sont hommes.
  3. Mieux est de ris que de larmes écrire Pour ce que rire est le propre de l’homme.
    Gargantua.
  4. Vous convient être sages, pour fleurer sentir et estimer ces beaux livres de haute graisse, légers au pourchas et hardis à la rencontre.
    Puis, par curieuse leçon et méditation fréquente,
    rompre l’os et sucer la substantifique moelle.

    Gargantua.
  5. Je ferai prêcher ton Saint Évangile purement, simplement et entièrement,
    si que les abus d’un tas de papelards et faux prophètes,
    qui ont par constitutions humaines et inventions dépravées envenimé tout le monde,seront d’entour moi exterminés.
  6. J’entends et veux que tu apprennes les langues parfaitement,
    premièrement la grecque [...],
    secondement la latine et puis l’hébraïque pour les saintes lettres,
    et la chaldaïque et arabique [...] ;
    qu’il n’y ait histoire que tu ne tiennes en mémoire présente,
    à quoi t’aidera la cosmographie [...].
    Des arts libéraux, géométrie, arithmétique et musique,
    je t’en donnai quelque goût quand tu étais petit [...].
    Laisse-moi l’astrologie divinatrice et l’art de Lullius, comme abus et vanités. Du droit civil, je veux que tu saches par coeur
    les beaux textes et me les confères avec philosophie.
    Et quant à la connaissance des faits de nature,
    je veux que tu t’y adonnes curieusement [...].

    Lettre de Gargantua à Pantagruel.

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ICONOGRAPHIE


Pantagruel

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