Denis Diderot, 1713-1784:

L'incontournable père fondateur

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BIOGRAPHIE

- 1713 : Naissance à Langres, dans une famille d’artisans aisés (son père est maître coutelier).

- 1726 : destiné par sa famille à l’état ecclésiastique, il est tonsuré et fait ses études chez les jésuites de Langres.

- 1726 : il poursuit ses études à Paris, au collège d’Harcourt.

- 1728 : il est bachelier es arts de l’Université de Paris. Pendant une dizaine d’années, il mène une vie de bohème, ponctuée de métiers divers (il enseigne les mathématiques, travaille chez un procureur).

- 1742 : il se lie avec Jean-Jacques Rousseau et Grimm.

- 1743 : Diderot épouse une lingère, Antoinette Champion, contre l’avis de son père.

- 1746 : le libraire Le Breton l’engage pour traduire la Cyclopoedia de Chambers.

- 1747 : il est nommé codirecteur, avec d’Alembert, de la publication de l’Encyclopédie, dont les travaux vont absorber pendant près de vingt ans une grande partie de son activité.

- 1749 : Diderot est emprisonné à Vincennes pour sa Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient.

- 1751 : publication du premier volume de l’Encyclopédie.

- 1753 : naissance de sa fille Marie-Angélique.

- 1756 : Diderot se lie avec Sophie Volland, avec laquelle il entretiendra une abondante correspondance jusqu’à la mort de celle-ci (février 1784).

- 1757 : Parution du tome VII de l’Encyclopédie. L’article « Genève» suscite de vives protestations du parti dévôt français et provoque la brouille avec Rousseau.

- 1759 : l’Encyclopédie est jugée subversive par le Parlement. Le roi révoque les privilèges pour l’impression et ordonne la destruction par le feu des sept volumes. Le pape met l’ oeuvre à l’index. Les manuscrits conservés par Diderot sont saisis, mais Malesherbes les cache chez lui. Diderot se lance dans la critique d’art (Salons).

- 1765 : les dix derniers volumes de l’Encyclopédie, imprimés secrètement sans privilège paraissent sous une fausse adresse. Catherine II, impératrice de Russie lui achète sa bibliothèque, pour qu’il puisse doter sa fille.

- 1773-1774 : Voyage en Russie et en Hollande.

- 1784 : Diderot meurt à Paris le 30 juillet.

Ses idées philosophiques

- Esprit universel, Diderot croit en la « Science de toutes les sciences », la philosophie, qui, en synthétisant toutes les connaissances, peut mener au progrès de l’humanité.

- Soucieux d’instaurer une philosophie positive, il poursuit des études scientifiques, s’intéresse aux travaux des savants et surtout à la méthode expérimentale.

- Avec l’entreprise encyclopédique, il a la double ambition d’ouvrir le savoir au plus grand nombre et de combattre l’intolérance et les préjugés, afin de faire triompher la raison.

- Face à la religion, Diderot adopte peu à peu la position du matérialiste athée. Le monde se crée lui-même, en un devenir incessant. L’homme n’est qu’un moment dans le devenir d’un univers matériel. La crainte de Dieu est un obstacle à l’épanouissement de l’homme.

- Il remplace la métaphysique par une morale positive fondée sur sa confiance en l’homme, qui éprouve du plaisir à faire le bien et a l’horreur du mal. Il croit, à l’inverse de Rousseau, que l’homme peut trouver le bonheur individuellement et collectivement dans la société.

- N’étant lui-même finalement sûr de rien, constamment en proie à ses propres contradictions, balançant entre les « lumières de la raison » et les « transports de la sensibilité », il place la dignité de l’homme dans la recherche plutôt que dans la découverte de la vérité.

Ses idées politiques

- Diderot semble être un partisan du despotisme éclairé, c’est-à-dire d’une monarchie où les élites intellectuelles contribuent à la postérité de l’État. Il pense en avoir trouvé le modèle avec Catherine II de Russie. Mais ses analyses politiques laissent entrevoir les prochains bouleversements révolutionnaires.

- À travers l’Encyclopédie, il condamne l’absolutisme, la monarchie de droit divin, dénonce les privilèges, les atteintes à la liberté du travail et la guerre.

Postérité

Avec l’entreprise encyclopédique, Diderot espère qu’il aura « au moins servi l’humanité ». Investie sur tous les fronts pour les libertés et contre l’intolérance, l’Encyclopédie, diffusée à vingt-cinq mille exemplaires avant 1789, aura été le plus puissant véhicule de la propagande philosophique.

Diderot est représentatif de ce tournant du siècle, du rationalisme pur au culte de l’instinct et de la passion.

Goethe saluera plus tard Diderot en déclarant à son propos : « la plus haute efficacité de l’esprit est d’éveiller l’esprit ».

OEUVRES PRINCIPALES

Tout en se consacrant à l’Encyclopédie dont il rédige de multiples articles, Diderot étend son activité littéraire à de nombreux domaines.

Théâtre
- Le Fils naturel (1757) et le Père de famille (1758) inaugurent le drame domestique bourgeois.

Essais théoriques sur l’art
- les Salons (1759 à 1781)
- Paradoxe sur le comédien (1773)

Romans et contes philosophiques
- La Religieuse (1760)
- Le Neveu de Rameau (1762)
- Jacques le Fataliste (1771)

Essais philosophiques
- Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient (1749)
- Pensées sur l’interprétation de la nature (1753), où il définit la méthode expérimentale
- Rêve de d’Alembert (1769)
- Essai sur les règnes de Claude et Néron (1778)
- etc.

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CITATIONS

  1. Notre véritable sentiment n’est pas celui dans lequel nous n’avons jamais vacillé, mais celui auquel nous sommes le plus habituellement revenus.
  2. Le but d’une encyclopédie est de rassembler les connaissances éparses sur la surface de la terre ;
    d’en exposer le système général aux hommes avec qui nous vivons, et de les transmettre aux hommes qui viendront après nous ;
    afin que les travaux des siècles passés n’aient pas été des travaux inutiles pour les siècles qui succèderont ;
    que nos neveux, devenant plus instruits, deviennent en même temps plus vertueux et plus heureux, et que nous ne mourions pas sans avoir bien mérité du genre humain.

    Article « Encyclopédie » de l’Encyclopédie.
  3. L’homme est le terme unique d’où il faut partir et auquel il faut tout ramener.
  4. Nous avons trois moyens principaux : l’observation de la nature, la réflexion et l’expérience ;
    l’observation recueille les faits ;
    la réflexion les combine ;
    l’expérience vérifie le résultat de la combinaison.
  5. La nature n’a fait ni serviteurs ni maîtres.
    Je ne veux ni donner, ni recevoir de lois.
  6. Aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres.
    La liberté est un présent du ciel, et chaque individu de la même espèce a le droit d’en jouir aussitôt qu’il jouit de la raison.

    Article « Autorité politique ».
  7. Le prince tient de ses sujets mêmes l’autorité qu’il a sur eux ;
    et cette autorité est bornée par les lois de la nature et de l’État. [...]
    Le prince ne peut donc pas disposer de son pouvoir et de ses sujets sans le consentement de la nation.

    Article « Autorité politique ».
  8. Si la raison gouvernait les hommes,
    si elle avait sur les chefs des nations l’empire qui lui est dû,
    on ne les verrait point se livrer inconsidérément aux fureurs de la guerre.
    Ils ne marqueraient point cet acharnement qui caractérise les bêtes féroces.

    Article « Paix ».
  9. L’épuisement seul semble forcer les princes à la paix ;
    ils s’aperçoivent toujours trop tard que le sang du citoyen s’est mêlé à celui de l’ennemi.

    Article « Paix ».
  10. Ne convenez-vous pas que tout tient en nature et qu’il est impossible qu’il y ait un vide dans la chaîne ?
    Que voulez-vous donc dire avec vos individus ?
    Il n’y en a point, non, il n’y en a point...
    Il n’y a qu’un seul grand individu, c’est le tout.

    « Le rêve de d’Alembert »
  11. Qui sait si ce bipède déformé [...] qu’on appelle encore dans le voisinage du pôle un homme, et qui ne tarderait pas à perdre ce nom en se déformant un peu davantage, n’est pas l’image d’une espèce qui passe ?
    Qui sait s’il n’en est pas ainsi de toutes les espèces d’animaux ?
    Qui sait si tout ne tend pas à se réduire à un grand sédiment inerte et immobile ?

    « Le rêve de d’Alembert »
  12. Toute l’économie de la société humaine est appuyée sur ce principe général et simple : je veux être heureux ;
    mais je vis avec des hommes qui comme moi veulent être heureux également chacun de leur côté.
    Cherchons le moyen de procurer notre bonheur en procurant le leur,
    ou du moins sans jamais y nuire.
  13. Le chemin du bonheur est le chemin même de la vertu.
  14. La pensée qu’il n’y a point de Dieu n’a jamais effrayé personne.
  15. La raison est à l’égard du philosophe ce que la grâce est à l’égard du chrétien.
    La grâce détermine le chrétien à agir, la raison détermine le philosophe.
  16. Le vrai philosophe est donc un honnête homme qui agit en tout par raison,
    et qui joint à un esprit de réflexion et de justesse les moeurs et les qualités sociables.
    Entez un souverain sur un philosophe d’une telle trempe et vous aurez un parfait souverain.

    Article « Philosophe ».
  17. Ce qui caractérise le philosophe et le distingue du vulgaire,
    c’est qu’il n’admet rien sans preuve,
    qu’il n’acquiesce point à des notions trompeuses
    et qu’il pose exactement les limites du certain, du probable et du douteux.
    Cet ouvrage produira sûrement avec le temps une révolution dans les esprits,
    et j’espère que
    les tyrans,
    les oppresseurs,
    les fanatiques
    et les intolérants n’y gagneront pas.
    Nous aurons servi l’humanité.
    (Lettre à Sophie Volland du 26 septembre 1762.)

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