Gottfried Wilhelm Leibniz, 1646-1716:

Le philosophe des merveilles

[Les dossiers pédagogiques] Oeuvres Principales
 Citations

 Iconographie
Aller au chapitre
Retour biographies

BIOGRAPHIE

- 1646 : naissance à Leipzig en Allemagne.

- 1661-1664 : à quinze ans, il connait les langues anciennes, les littératures grecque et latine et la scolastique et lit les auteurs modernes, notamment Descartes qui l’influençera beaucoup. Il poursuit ses études à Iéna (mathématiques), Altdorf (jurisprudence), Nuremberg (chimie), puis rentre à Leipzig étudier le droit.

- 1665 : la faculté de droit lui refuse le grade de docteur en raison de son jeune âge.

- 1667 : il rencontre le baron von Boyneburg qui le fait entrer dans la pratique politique.

- 1670 : il écrit un texte sur la sécurité de l’Allemagne et devient conseiller à la cour suprême de l’électorat de Mayence.

- 1672 : envoyé en mission diplomatique auprès de Louis XIV (il est chargé de le convaincre de conquérir l’Égypte), il séjournera quatre ans à Paris. Il est au centre d’un réseau d’échanges et de correspondances entre les savants de toute l’Europe.

- 1673 : il effectue un voyage en Angleterre et rencontre Oldenburg, le secrétaire de la Royal Society, avec lequel il s’entretient de mathématiques. Il est élu à la Royal Society. Ses travaux sur le calcul infinitésimal l’amènent à élaborer une théorie analogue à celle de Newton.

- 1676 : privé de sa protection allemande par la mort de Boyneburg et ne pouvant se fixer à ParisColbert lui a refusé une pension d’ingénieur, il devient bibliothécaire du duc de Brunswick-Lünebourg, à Hanovre. Il écrit alors la plupart de ses ouvrages philosophiques tout en s’occupant de politique (il soutient les droits des princes allemands dans l’Empire, publie un recueil du Droit des gens). Il voyage à travers l’Europe, rencontre les plus grands savants.

- 1680 : il commence la généalogie de la maison de Brünswick.

- 1699 : il est admis à l’Académie des sciences de Paris.

- 1700 : il fonde une Société des sciences, future Académie de Berlin, et propose à Pierre le Grand une société semblable avec un plan d’organisation culturelle.

- 1712 : le tsar Pierre le Grand le nomme « conseiller intime de justice ».

- 1714 : l’Électeur de Hanovre monte sur le trône d’Angleterre devenant George Ier. Leibniz attendra vainement des princes qu’il servit naguère une nomination d’historien de la Cour ou un appui dans sa querelle avec Newton.

- 1716 : il meurt dans une totale solitude. Seule l’Académie de Paris lui rend hommage (éloge de Fontenelle en 1717).

La querelle Newton / Leibniz

Les dernières années de Leibniz sont assombries par la retentissante controverse avec Newton sur l’antériorité de l’invention du calcul infinitésimal.

Dès 1699, Newton envoie une notification à la Royal Society accusant Leibniz de plagiat. Il continue à oeuvrer dans l’ombre et à écrire contre son collègue allemand jusqu’à ce qu’il obtienne de la Royal Society un rapport officiel lui accordant le titre de « premier inventeur » et condamnant Leibniz (1712).

En 1715, Newton rallume la polémique et humilie publiquement Leibniz lors d’une réunion de la Royal Society.

Cependant le monde des mathématiciens adoptera la notation symbolique de Leibniz plutôt que celle de son adversaire et sa dénomination de « calcul intégral ». La postérité établira que les deux savants étaient parvenus à des conclusions similaires, indépendamment l’un de l’autre.

Ses activités

- La curiosité de Leibniz est universelle. Il est non seulement philosophe et mathématicien, mais encore linguiste, juriste, historien, géographe, diplomate et théologien. Cette diversité du savoir se retrouve à travers les quelque 200.000 pages manuscrites conservées à la bibliothèque de Hanovre.

- Homme politique actif, il est engagé dans tous les combats de son temps.

- Sa fonction de bibliothécaire, qu’il exerce auprès des ducs de Hanovre et d’autres grands princes, est pour lui beaucoup plus qu’un gagne-pain ; jusqu’à sa mort il manifeste un vif intérêt pour cette activité : il écrit des textes théoriques qui feront progresser la classification, le catalogage alphabétique et la rédaction des résumés.

- Il travaille à une encyclopédie. Il veut faire un « inventaire de toutes les connaissances acquises et mal rangées » et une mise en ordre qui serait non seulement un bilan de l’acquis, mais aussi le moyen d’aller plus loin, plus ultra. Il ne passera jamais à la réalisation, laissant cinq listes de définitions rangées selon un ordre logique et un grand nombre d’écrits et de mémoires adressés au tsar.

Ses idées

Sa démarche est à la fois celle d’un inventeur et celle d’un encyclopédiste.

- Esprit pacifiste et homme politique actif, il rêve de réunir les états européens, de faire l’unité des savants, de rapprocher catholiques et protestants. Il travaille d’ailleurs avec Bossuet sur une possibilité de fusion des Églises catholique et réformée.

- Esprit scientifique, il croit dans le progrès des sciences non seulement pour accroître le bien- être matériel des peuples, mais aussi pour grandir l’homme en amour et en vertu.

- Vulgarisateur, il souhaite ouvrir la science à tous ; il est évidemment partisan de l’emploi de la langue vernaculaire et critique l’usage du latin.

- En philosophie, il pose le principe de raison suffisante : rien n’a lieu sans raison. Pour lui, c’est l’harmonie préexistante en Dieu et par Dieu qui a rendu la Création possible et la meilleure possible. En Dieu, il voit un « monarque débonnaire », qui nous offre les merveilles de la raison, de l’esprit et de la nature. Deux activités nous permettent de les saisir : la philosophie et l’érudition. Selon la philosophie optimiste de Leibniz, Dieu ne pouvant créer un monde parfait (qui serait alors l’égal du divin), il y a introduit la plus petite portion de mal qui soit possible. Sans ce mal le bien ne nous serait pas sensible. Ainsi le mal est-il « l’ombre du bien, la dissonance qui accroît le plaisir de la consonance. » Ce courant de pensée, qui proclame que « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles », sera réfuté par les philosophes plus matérialistes du XVIIIe siècle. Voltaire, d’autant plus anti-leibnizien qu’il est admirateur de Newton, ironisera dans Zadig (1747) sur les bienfaits de la Providence et développera avec son Candide (1759) toutes les raisons de ne pas être optimiste.

OEUVRES PRINCIPALES

Parmi les quelque 170 titres mentionnés dans l’Antiquité, seuls 47 nous sont parvenus.

- Dissertation sur l’art combinatoire (1690) - Système nouveau de la nature et de la communication des substances (1695), - Nouveaux Essais sur l’entendement humain (écrits en 1703 pour poursuivre des critiques faites antérieurement à Locke) - Essais de théodicée (1710) - Monadologie (1714) - Discours touchant la méthode de la certitude et l’art d’inventer

[Haut de Page]

CITATIONS

  1. Dieu a choisi celui des mondes possibles qui est le plus parfait,
    c’est à dire celui qui est en même temps le plus simple en hypothèses
    et le plus riche en phénomènes.
  2. [Pour aimer son Dieu] il faut connaître les merveilles de la raison et de l’esprit et les merveilles de la nature.Les merveilles des raisons et des vérités éternelles que notre esprit trouve en lui-même, dans les sciences de raisonner des nombres, des figures, du bien et du mal, du juste et de l’injuste.
  3. Tout est déterminé sans doute,
    mais comme nous ne savons pas comment il l'est, ni ce qui est prévu ou résolu, nous devons faire notre devoir, suivant la Raison que Dieu nous a donnée et suivant les règles qu'il nous a prescrites.
  4. La philosophie diffère de l'érudition comme ce qui est de la raison,
    c'est à dire de droit, diffère de ce qui est de fait.
  5. J'entends par raison non pas la faculté de raisonner qui peut être bien et mal employée, mais l'enchaînement des vérités qui ne peut produire que des vérités, et une vérité ne saurait être contraire à une autre.
  6. Il y a certes deux labyrinthes de l'esprit humain :
    l'un concerne la composition du contenu ;
    le second, la nature de la liberté ;
    et ils prennent leur source au même infini.
  7. Rien n'est comme une île dans la mer.
  8. Le corps entier des sciences peut être considéré comme l’Océan,
    qui est continué partout, et sans interruption ou partage,
    bien que les hommes y conçoivent des parties et leur donnent des noms selon leur commodité.
    Et comme il y a des mers inconnues, ou qui n’ont été naviguées que par quelques vaisseaux que le hasard y avait jetés, on peut dire de même qu’il y a des sciences dont on a connu quelque chose par rencontre seulement et sans dessein.

    De l’horizon de la doctrine humaine.
  9. Il importe à la félicité du genre humain que soit fondée une Encyclopédie, c’est-à-dire une collection ordonnée de vérités suffisant,
    autant que faire se peut,
    à la déduction de toutes choses utiles.

    Initia et specimina scientiae generalis, 1679-1680.
  10. Je n'ose pas assurer que les plantes n'ont point d'âme ni de vie.
  11. Il n’y a point d’art mécanique si petit et si méprisable qui ne puisse fournir quelques observations ou considérations remarquables,
    et toutes les professions ou vocations ont certaines adresses ingénues dont il n’est pas aisé de s’aviser et qui néanmoins peuvent servir à des conséquences bien plus relevées.
    [...] Il y a jusque dans les exercices des enfants ce qui pourrait arrêter le plus grand mathématicien ;
    apparemment, nous devons l’aiguille aimantée à leurs amusements,
    car qui se serait avisé d’aller regarder comme elle tourne.

    Discours touchant la méthode de la certitude et l’art d’inventer.
  12. J’appelle bibliothèque universelle choisie celle qui contient une encyclopédie de toutes les facultés, sciences, disciplines, doctrines et oeuvres de l’esprit.
  13. Par désaffection pour la langue maternelle,
    les érudits se sont occupés de choses inutiles,
    n’écrivant qu’à seule fin de remplir les rayonnages ;
    la nation a été tenue à l’écart de la connaissance.
    Comme un miroir bien poli,
    une langue vernaculaire bien développée accroît la perspicacité de l’esprit et confère à l’intellect une clarté transparente.

[Haut de Page]

ICONOGRAPHIE

[Accueil] / [Dossiers pédagogiques]