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Tous les savoirs du monde :
De l'humanisme au siècle des Lumières

[Les dossiers pédagogiques]

1. Le mouvement humaniste
2. Les grandes découvertes
3. De nouveaux systèmes de classement
4. Fondation des académies

[Sommaire du Cahier TSM]

1. Le mouvement humaniste aux XVe et XVIe siècles

Naissance de l'humanisme : le retour aux anciens

C’est avec Pétrarque (1304-1374) que naît en Italie le mouvement humaniste de la Renaissance. Le poète commence par recueillir les inscriptions sur les vieilles pierres de Rome et poursuit dans les manuscrits sa quête des Anciens. Il retrouve ainsi des lettres de Cicéron, ressuscitant un écrivain statufié par les écoles. Il s’illustre également en détectant un faux document au profit de son souverain. Lorenzo Valla (1407-1457), lui aussi, va traquer la vérité historique, préconisant l’étude philologique des textes et le retour à la pureté classique. Parti d’Italie, l’humanisme rayonne dans toute l’Europe cultivée.

Les humanistes du XVe siècle s’efforcent de retrouver l’authenticité de la pensée des Anciens, perdue sous les multiples adaptations et interprétations chrétiennes du Moyen Âge. Ils étudient les langues anciennes (grec, hébreu, latin classique, syriaque) et recherchent des manuscrits dans tout le monde méditerranéen.

Faute de caractères adéquats, l'imprimeur a laissé dans le texte un espace suffisant pour y inscrire le mot encyclopaedia en grec.

(extrait de l'Institutiones oratoriae de Quintilien, 1476
Paris, BnF
)


La prise de Constantinople par les Ottomans, en 1453, amplifie ce mouvement : un grand nombre de réfugiés arrive en Occident apportant avec eux des manuscrits anciens.

  • Les versions arabes et dominicaines d’Aristote sont abandonnées et on retraduit le philosophe grec.
  • Saint Thomas d’Aquin lui-même est remis en cause : Valla lui reproche son ignorance de la langue grecque.
  • On redécouvre les oeuvres complètes de Platon rapportées de Constantinople. Ses Dialogues sont traduits par Marsile Ficin, philosophe responsable du renouveau du platonisme en Italie et placé à la tête de l’Académie de Florence nouvellement créée par Laurent de Médicis.
  • Thomas More traduit Lucien (Dialogues).
  • Au programme des études de Pantagruel, Rabelais inscrit les langues grecque, latine, hébraïque.
  • Des collèges trilingues sont ouverts à Louvain (1517), Oxford (1517 et 1525), Paris (1530); ce dernier deviendra le Collège de France.

Première occurence imprimée du mot "encyclopédie"
François Rabelais, Pantagruel, Lyon 1532
Paris, BnF
.

 

Un principe de l'humaniste : éduquer c’est d’abord instruire.

De nombreux traités pédagogiques paraissent. Érasme, suivi par Rabelais, insiste sur les vertus morales de l’instruction. Le maître doit dégager des textes étudiés l’enseignement moral qu’ils recèlent. Il est à l’opposé de l’objectif médiéval, d’un Hugues de Saint-Victor par exemple, qui prescrivait de tout apprendre, car rien, estimait-il, n’est inutile lorsque l’on cherche la sagesse. L’érudition pure, l’accumulation des connaissances, sont rejetées au profit de :

« ce qui sert à le [l’élève] faire plus sage et meilleur »
(Montaigne, De l’Institution des enfants).

Il convient surtout de former le jugement, car « science sans conscience n’est que ruine de l’âme », dit Rabelais. Érasme va jusqu’à donner des règles de bonne tenue, comme se servir d’un mouchoir et se moucher en se détournant.

Le corps est tout aussi concerné que l’esprit : Rabelais, Montaigne, mettent l’accent sur l’exercice physique :

« ce n’est pas assez de luy roidir l’âme ; il luy faut aussi roidir les muscles »
(Montaigne, Essais).

L’humaniste, cependant, appréhende le bonheur de l’étude dans le repli sur soi plus que dans l’ouverture au monde. Les innovations scientifiques ne l’atteignent pas, ainsi les théories coperniciennes publiées en 1543 ne susciteront de l’intérêt qu’au siècle suivant. L'érudit de la Renaissance est penché sur ses livres, dans la solitude de son cabinet de travail. Il évolue dans un milieu d’initiés qui communiquent dans une langue (le latin ancien) compréhensible d’eux seuls.

Un vent nouveau : produire du neuf


Francis Bacon, Instauratio magna,
Frontispice.
Paris, bibl. Victor-Cousin.

Mais un vent nouveau va se lever et à Érasme, qui entend « restaurer le passé » et non produire du neuf, Francis Bacon répond bientôt que « la science doit être tirée de la lumière de la nature, elle ne doit pas être retirée de l’obscurité de l’Antiquité » ; pour Bacon, « ce qui reste à faire » est plus important que « ce qui a été fait ». Et derrière lui s’engouffre tout le XVIIe siècle, qui rejoint cette conception d'un savoir ouvert, se dégageant des lieux clos de l’érudition pour partir à la conquête des mondes inconnus, au-delà des antiques colonnes d’Hercule.

 

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